Réponse à: BARBARA (crises de désespoir)
Surnom: BARBARA
Pays: France
Âge: 25
Sexe: féminin
Bonjour,
Votre site me plaît beaucoup, il me paraît très pertinent et les réponses de certains psychologues sont tellement bienveillantes et si chaleureuses, cela fait beaucoup de bien de les lire.
## Bonjour Barbara. Grand merci.
Ce que je voudrais savoir c'est si l'on peut considérer que des "crises de désespoir" dénuées de raison (pas de cause du type deuil récent, rupture, etc.) font partie du cadre normal de la vie ou bien si on peut les considérer comme pathologiques ? Je fais une analyse depuis plusieurs années, et j'ai réussi à sortir de mon état précédant : j'étais dans un état de souffrance perpétuelle, que j'autoentretenais peut être aussi d'ailleurs. Pourtant rien de particulier ne pourrait le justifier (en tout cas, rien de factuel). Après coup, aujourd'hui, je vois cet état de souffrance morale constante comme une sorte d'état dépressif (sans qu'il s'agisse d'une réelle dépression), probablement lié à l'adolescence, à la difficulté de devenir un adulte, de faire le deuil de l'enfance, et lié aussi à ma famille (mon grand-père a fait une analyse, il y a plusieurs décennies déjà).
## Une crise de désespoir ne survient pas sans raison, mais la raison n'est pas toujours identifiable. Fait-elle partie du cadre normal de la vie ou est-elle pathologique ? Cela dépend de son intensité, de sa fréquence, etc.
Mais actuellement, je suis partie de chez mes parents, je suis étudiante (encore un état qui prolonge l'adolescence indéfiniment) mais je compte travailler quelques mois. Ma vie sentimentale est satisfaisante et heureuse. Alors pourquoi ne suis-je pas heureuse tout le temps, ou au moins indifférente ? Pourquoi y a-t-il encore des moments où je me sens très très mal, dans un néant dénué de tout avenir possible, où tout me semble laid, invivable, triste et désespérant ? Certes, ce type de moment intense se raréfie un peu (avant c'était tout le temps). Mais il ne disparaît pas, et la douleur elle ne s'estompe pas, elle reste vivace. Est-ce une sorte de cri d'une partie de moi même qui m'avertit que tout ne va pas bien, que tous les problèmes ne sont pas réglés (je parle de ma famille) ?
## Je serais porté à dire comme vous, effectivement : une partie de vous qui proteste et qui appelle à l'aide.
Quand considérez-vous qu'une souffrance est pathologique, et quand n'est-elle qu'un moment difficile mais "normal" ?
## Elle est pathologique lorsqu'il y a mésadaptation à l'environnement et souffrance subjective.
Ces moments si douloureux vont-ils disparaître ?
## Ils peuvent disparaître, non par enchantement mais par vos efforts personnels.
Vous allez m'objecter qu'un psy n'est pas un sorcier ni une voyante. Mais j'ai besoin que vous m'éclairiez. C'est très important pour moi. D'autant plus que j'ai peur que le cadre de mon analyse ne soit en train de flancher. Ma psy me parle d'elle, me dit : ah, c'est comme moi, je fais ci, ou j'ai déjà ressenti cela, à telle occasion. Je l'écoute, mais je me demande si au bout d'une certain temps, cette attitude ne nuit pas à mon analyse.
## Je vous invite à faire part de votre objection à votre psy. Aidez-la à vous aider.
Au début j'apréciais beaucoup d'avoir un vrai être humain en face de moi. Savoir qu'elle aussi avait déjà pu ressentir la même chose m'a fait beaucoup de bien, mais aujourd'hui je me demande quoi faire. J'ai l'impression nette de piétiner, de tourner en rond.
## Il est important que vous le lui disiez.
Bien sûr tout travail sur soi se fait sur le long terme, avec ses moments de découverte, de découragement, de latence, je le sais. Mais là je m'interroge. Que faire ?
## Je vous invite à être transparente et authentique avec votre psy. C'est la meilleure attitude possible.
Merci de répondre à mes deux questions, et continuez à nous soutenir, c'est si beau.
## Grand merci encore.
## Bien à vous.
Georges-Henri Arenstein, Psychologue