Réponse à: ANNE-FRANCE (relation psy / patient)

Surnom: ANNE-FRANCE
Pays: France
Âge: 30
Sexe: féminin

Depuis bientôt un an, je consulte un sexologue / psychologue (ce n'est pas le premier, durant 1 an 1/2, j'en consultais un autre). Mon problème est relativement courant je pense ... Je suis tombée amoureuse de mon psy !

Dès les premières séances, un étrange rapport s'est établi entre nous, une immense complicité, de nombreux points communs, une connivence, qui dépassait de loin je crois la simple relation psy/patient.

Si je compare à ma précédente analyse tout du moins ! Mais, bien plus que cela ... et c'est ce qui me trouble et me perturbe depuis longtemps maintenant. Par exemple, lors de séances (1 ou 2) communes avec mon mari, la complicité, des échanges de regards, des concertations avant que n'entre mon mari, ... m'ont également conforté dans l'idée "qu'il y avait quelque chose" entre lui et moi ?!

Au début, je lui ai caché mes sentiments (enfin du mieux que je pouvais), et puis il a fini un jour par me proposer de lui écrire tous les jours, sur un petit carnet, tout ce que j'avais envie de lui dire, comme s'il était là, près de moi, en permanence ... évidemment, je l'ai fait avec un grand plaisir, tous les soirs, j'avais mon RV quotidien avec lui par le biais de cette "correspondance" et à chaque séance, je lui remettais le calepin ...

J'ai fini par lui déclarer ma flamme, progressivement, par sous-entendus, il me disait que c'était gentil, qu'il s'en doutait, je lui ai un jour demandé, car j'étais perdue, s'il s'agissait de ce que l'on appelle le "transfert" ... Il m'a répondu que non, que c'était des bêtises, car des "transferts" il y en a tous les jours, avec tout le monde ...

Il m'a promis que lorsque j'aurais fini mon "travail", il me ferait entrer dans son intimité ... Je m'approche de ce moment, les relations sont de plus en plus difficiles à gérer, je l'aime, je lui ai encore écrit récemment ... Que faire ? Dois-je arrêter d'aller le voir immédiatement et consulter quelqu'un d'autre ? Je vous avoue évidemment que je n'ai qu'une envie, c'est d'être le plus souvent possible avec lui ! Nous avons normalement un "RV", hors du cadre de la thérapie, pour aller déjeuner ensemble. Il y a déjà quelques semaines, nous avons été boire un café ensemble.

Je vous en prie, aidez-moi à prendre ma décision; toute seule je n'aurais pas le courage de partir, je l'adore tellement (et lui aussi, il me l'a dit !).

Malgré les sentiments que je lui porte, je sens bien que cette relation n'est pas saine. D'un point de vue thérapeutique, je n'ai rien à lui reprocher bien au contraire, mais l'homme prend de plus en plus le pas sur le psy (ce qui fait qu'il se permet certaines libertés de paroles qui me surprennent), il a toujours maintenu ses distances physiquement parlant, mais malgré tout, le pouvoir qu'il a sur moi me fait peur !

C'est très confus, je vous prie de bien vouloir me pardonner, mais cela reflète assez bien mon état d'esprit du moment !

D'avance, je vous remercie pour votre aide.

Bonjour Anne-France,

L'immense complicité qui s'est établie entre vous et votre sexologue-psychologue, la connivence dont vous parlez, n'a pu s'établir qu'au détriment de la qualité de la relation thérapeutique entre lui et vous et au détriment de la relation thérapeutique entre lui et votre mari.

Ce dernier semble laissé pour compte dans votre récit alors que j'imagine qu'il était avec vous lors de ces séances pour recevoir une aide efficace et professionnelle.

Le transfert serait une bêtise car des transferts il y en a tous les jours ? Alors la violence aussi est une bêtise car il y en a tous les jours ? Permettez-moi d'être quelque peu surpris de cette banalisation d'un processus reconnu et respecté dans le monde de la relation d'aide. Il est possible que votre psychologue lui-même néglige cet aspect de la relation d'aide; néanmoins, il existe bel et bien et peut faire des ravages s'il est mal géré.

Je comprends bien que vous l'aimiez et que lui vous aime aussi. Cependant, les règles habituelles de la relation d'aide établissent que la relation amoureuse est incompatible avec la relation psychothérapeutique. En effet, l'impact de l'une sur l'autre les affaiblissent toutes les deux.

Je veux souligner vos propres paroles : « je sens bien que cette relation n'est pas saine . les relations sont difficiles à gérer . le pouvoir qu'il a sur moi me fait peur . c'est confus mais ça reflète assez bien mon état d'esprit du moment». Qu'allez-vous faire pour vous respecter vous-même, Anne-France ?

Les règles déontologiques ont été faites pour le bénéfice des clients, mais c'est au psychologue de les suivre. Ce n'est pas à son côté homme que vous vous êtes adressée pour avoir de l'aide. C'est à son côté psy. Alors, quand vous dites que l'homme prend de plus en plus le pas sur le psy, il est peut-être temps pour tout le monde de faire un choix clair. Qu'en pensez-vous ?

Bien à vous,

Georges-Henri Arenstein, Psychologue