Réponse à: AISLIN (la «névrose» d'écrire)
Surnom: AISLIN
Pays: Irlande
Âge: 22
Sexe: féminin
Bonjour Psychomedia,
Le comportement de ma mere est un mystere et agace tout le monde dans la maison, aussi, j'aimerais bien au moins pouvoir le comprendre car peut-etre l'accepterais-je mieux :
Elle a la manie d'ecrire tout ce qu'on lui raconte (mon frere, mon pere ou moi) dans un courrier adresse quasiment tous les jours a sa mere (qu'elle critique par ailleurs parce qu'"elle ne comprend jamais rien et nous soutient contre elle", promettant qu'elle va arreter de lui ecrire aussi souvent) .
Elle ne reagit pas a chaud, sur ce qu'on lui dit, c'est comme si elle etait absente, et elle rumine tout ca dans son courrier ; quand je dis qu'elle ecrit tout, (dixit ma grand-mere, cela va jusqu'aux moindres details materialistes insignifiants du genre, "Aislinn s'est achete une nouvelle paire de chaussettes", cela comporte aussi des reflexions tres violentes sur nous autres, comme "quel faineant, celui-la, il n'y a rien a en tirer" (propos tres exageres par rapport a la realite, il me semble) qui inquietent beaucoup ma grand-mere.
Mes questions sont donc les suivantes : - Quel est donc ce besoin de faire un reportage aussi poussé de ce qui se passe autour d'elle (personnellement, il ne lui arrive rien)? - Est-ce sain ou pas tres bon (pour elle)? - Croyez-vous possible de lui faire diminuer cette tendance et comment peut-on s'y prendre ? (car elle inquiete ma grand-mere qui n'en dort pas, elle nous enerve car on n'a pas forcement envie que le reste de la famille connaisse notre vie dans les moindres details, et surtout cela coupe la communication directe, c'est-a-dire que l'on parle a un mur)
Merci d'avance pour les eclaircissements que vous pourriez m'apporter. Je sais que ca a l'air anodin, mais cela met quand meme une mauvaise ambiance dans le foyer.
Aislinn.
Bonjour Aislinn,
Je peux aisément deviner le malaise qui résulte de cet étrange comportement de votre mère.
Il m'est bien évidemment impossible d'en déterminer la cause exacte, mais habituellement un tel intérêt pour des banalités est une compensation ritualisée (une sorte de compulsion) dûe à l'insécurité affective.
- Quel est son besoin de faire ce reportage ? Elle ne fait pas vraiment de reportage. J'ai l'impression qu'elle meuble un immense vide et qu'elle obéit à une force intérieure.
- Est-ce sain pour elle ? C'est une compensation originale qui ne peut pas nuire, mais qui demeure agaçante pour les autres membres de la famille.
- Comment lui faire diminuer cette tendance ? Vous pouvez essayer ce vieux truc : «faire plus de la même chose». Sollicitez sa collaboration et demandez-lui d'en raconter bien plus. Devant sa production écrite, faites la moue en disant : «Ce n'est pas assez ! Tu as oublié de parler de la nouvelle poubelle, de la lessive, et des restes qu'on a donné au chat de la voisine .» Racontez-lui les événements les plus insignifiants («Tiens, le côté du journal est aligné avec le bord de table, le plancher fait couic quand on marche ici, ce citron a une forme vraiment originale . ») et insistez pour qu'elle consigne le tout dans ses notes et sa correspondance.
Au moment où elle s'apprête à envoyer sa lettre, accourez avec des nouvelles fraîches (les fissures dans le ciment et l'odeur du thé .). Cette surabondance de faits risque fort de produire tôt ou tard une saturation insupportable et un arrêt du comportement. Espérons-le !
Bonne chance, Aislinn !
Georges-Henri Arenstein, Psychologue