Le site d'injection supervisée (SIS) InSite à Vancouver (Canada) a permis de diminuer du tiers (35 %) la mortalité par surdose dans le quartier environnant, rapporte une étude publiée dans The Lancet.
Le Dr. Thomas Kerr et ses collègues, majoritairement affiliés au British Columbia Centre for Excellence in HIV/AIDS, ont comparé le taux de mortalité par surdose avant et après l'ouverture d'InSite. Dans un rayon d'un demi kilomètre, il a chuté de 35 % avec l'arrivée du SIS comparativement à 9,3 % dans le reste de la ville.
Dans les années 1990, le Downtown Eastside avait le plus haut taux de mortalité associée aux surdoses et au sida, au Canada, rapporte Radio-Canada. En 1997, le taux de nouvelles infections au VIH à Vancouver dépassait celui de toutes les autres villes du monde occidental. En 2008, près de 200 toxicomanes sont morts d'une surdose à Vancouver.
Depuis son ouverture en 2003, 11 200 personnes ont eu recours au site et 702 personnes l'utilisent quotidiennement.
Financé par le gouvernement de la Colombie-Britannique, InSite opérait depuis son ouverture grâce à une exemption à la loi fédérale sur les drogues accordée par le gouvernement libéral. Mais le gouvernement conservateur de Steven Harper a refusé de prolonger cette exemption en 2008. Sa survie menacée, InSite a porté la cause devant les tribunaux. La Cour suprême de la Colombie-Britannique a statué que la fermeture du centre serait inconstitutionnelle (la santé étant une compétence provinciale et non fédérale) et qu'Insite était un service nécessaire. Le gouvernement fédéral a porté la cause devant la Cour suprême du Canada où elle doit être entendue le mois prochain.
Le Dr. Evan Wood, un des auteurs de l'étude, souhaite que le débat entourant le centre devienne un enjeu de l'actuelle campagne électorale fédérale.
Dans un article accompagnant l'étude, le chercheur américain Chris Breyer de l'Université Johns Hopkins (Baltimore) appuie : si «la bataille politique à propos de ce site a été intense, et elle n'est pas terminée», il est grand temps que les «preuves scientifiques prévalent» et que «l'action commence», rapporte Le Devoir.
Au Québec, les ouvertures d'un site à Montréal et d'un autre à Québec sont prévues pour cet été avec ou sans l'appui du ministre de la Santé, ce dernier attendant le jugement de la Cour suprême avant de trancher. La Direction de la santé publique et l'Institut national de santé publique du Québec ont donné leur appui à ces projets menés respectivement par Cactus Montréal et Point de repères.
En France, depuis octobre 2010, un groupe de travail du Sénat travaille sur le sujet des "salles de shoot". Alors que l’ex-Ministre de la santé, Roselyne Bachelot, s’était montrée favorable à leur expérimentation, la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT), le Premier ministre ainsi que l’Académie de Médecine s'y sont opposés.
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Psychomédia avec sources:
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