Des chercheurs canadiens et italiens ont mené des travaux sur le rôle de la mélatonine dans le sommeil qui ont conduit à la mise au point d'un médicament qui favoriserait spécifiquement la phase du sommeil profondr.
Le sommeil est constitué de cycles d'une durée d'environ 90 minutes dans lesquels se succèdent 4 phases de sommeil (endormissement, sommeil léger et 2 phases de sommeil profond) suivie du sommeil dit paradoxal (phase plus active cérébralement durant laquelle survient la majorité des rêves) (1).
La chercheuse en psychiatrie Gabriella Gobbi et ses collègues de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) ont découvert que les deux principaux récepteurs de la mélatonine, dite hormone du sommeil, ont des rôles opposés. La mélatonine joue un rôle déterminant dans la régulation du cycle du sommeil et des rythmes circadiens.
Les récepteurs MT1 favorisent le sommeil paradoxal et bloquent le sommeil profond alors que les récepteurs MT2 favorisent le sommeil profond. "Le sommeil profond a un effet régénérateur, il augmente la mémoire et active le métabolisme tout en abaissant la pression sanguine et ralentissant le rythme cardiaque
", explique la chercheuse.
Les récepteurs MT2 de la mélatonine constituent donc une nouvelle cible prometteuse pour de futurs traitements de l’insomnie.
La plupart des médicaments utilisés jusqu'à présent, tels que les benzodiazépines (médicaments anxiolytiques), agissent de manière peu efficace sur le sommeil profond tout en pouvant conduire à une dépendance et à des troubles cognitifs, précise-t-elle. Par ailleurs, "cette découverte explique également l’effet hypnotique et peu concluant des comprimés de mélatonine en vente sans ordonnance, qui agissent sur les deux récepteurs aux effets opposés
".
Des équipes de chercheurs italiens, celle du Dr. Tarzia à Urbino et du Pr. Mor à Parme, ont développé et testé chez des souris le médicament UCM 765, qui cible sélectivement les récepteurs MT2. "Cette nouvelle médication, contrairement aux traitements traditionnels pour l’insomnie, augmente le sommeil profond sans détruire "l’architecture" du sommeil
", explique la Dre Gobbi. C’est-à-dire qu'elle conserve les épisodes de sommeil REM.
Ces travaux sont publiés dans le Journal of Neuroscience.
(1) Le sommeil paradoxal est aussi appelé sommeil REM pour rapid eye movement).
Psychomédia avec source: Centre Universitaire de santé McGill. Tous droits réservés.