En attendant la généralisation du libre accès aux articles des revues scientifiques, qui n'est pas pour demain, l'Université de Montréal a décidé de couper le budget alloué à ces revues afin de pouvoir augmenter la part consacrée aux livres. Le directeur général des bibliothèques, Richard Dumont, a publié une série de chroniques pour expliquer ce choix.
Alors que les étudiants de l'Université naviguent sur Internet d'articles en articles avec une impression de gratuité, explique-t-il, les bibliothèques universitaires paient des prix exorbitants pour les abonnements aux revues scientifiques incluant leur version électronique.
Les abonnements en périodiques coûtent plus de 7 millions par année à l'Université de Montréal et ce coût augmentent de 3% à 6% par année, soit une augmentation dépassant 400 000 annuellement pour simplement maintenir la collection de périodiques.
Les bibliothèques, réunies en consortiums ont signé des contrats avec les grands éditeurs de périodiques qui les engagent à acheter l'ensemble des périodiques d'un éditeur.
Cette année, l'entente d'abonnement en consortium à Wiley Online Library arrivant à échéance, l'Université de Montréal ne la renouvellera pas afin de sélectionner quelque 25 % des périodiques de cet ensemble à la pièce qui représentent 70 % de l'utilisation de ces ressources documentaires. Dans 3 cas sur 10, un membre la communauté universitaire ne pourra accéder à un article publié dans un périodique de Wiley à partir de 2014. "Il devra alors utiliser le service du prêt entre bibliothèques, un service qui permet de commander des articles. Il pourra aussi tenter sa chance sur Google Scholar, car on y trouve un nombre grandissant d'articles diffusés librement.
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Les grands éditeurs de revues scientifiques font, explique-t-il, des profits exorbitants (30% à 40%) alors que leur matière première est fournie gratuitement par les communautés universitaires (même le processus de révision des articles par des pairs leur est fourni gratuitement par la communauté universitaire). Les bibliothèques doivent ensuite acheter le produit fini – les périodiques – au prix fort. Les contribuables paient ainsi pour la production des articles et pour que la communauté universitaire ait accès à ces publications. Au bout du compte, ils "ont financé en majorité cette chaine de création et de diffusion des nouvelles connaissances
" et n'ont même pas, eux-mêmes, accès gratuitement à ce savoir.
À la question "Qu'attendez-vous au juste des chercheurs et des membres de la communauté?
", M" Dumont répond : "Une prise de conscience, d'abord, que les éditeurs commerciaux font pas mal d'argent sur leur dos, jusqu'à 40 % de profit! Je souhaite aussi que les chercheurs nous appuient et fassent pression auprès des éditeurs pour une diminution des prix. Les éditeurs vont céder uniquement si les chercheurs se rebellent. C'est normal, ce sont les chercheurs qui leur fournissent la matière première, gratuitement de surcroit. Bref, arrêtons de nourrir la bête! À plus long terme, j'aimerais que la communauté se mobilise pour favoriser le libre accès aux connaissances qu'elle produit. Je suis conscient que c'est un changement de paradigme majeur, mais ce n'est pas une raison pour baisser les bras!
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Psychomédia avec source: Université de Montréal.
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