Un projet de loi facilitant la polygamie a finalement été annulé en Iran. Cette réforme de l’actuel Code de la famille, présentée au début de l’été par plusieurs députés conservateurs, prévoyait légaliser la possibilité pour un homme de choisir une seconde épouse (et d'autres) sans le consentement de la première.
La polygamie n’est pas interdite en Iran, explique Delphine Minoui dans son blog sur le site du Figaro, mais elle n’est pas très répandue. Le mari a actuellement l’obligation d’obtenir le consentement de sa première femme pour en épouser une seconde.
La réforme prévoyait également la possibilité pour le mari de contracter un "sighé", ou mariage temporaire, sans le consentement de sa première épouse, autrement dit de prendre une maîtresse en toute légalité. On sait qu’à l’inverse, une femme accusée d’adultère est passible de la peine de mort.
Les réactions ont été vives: pétitions sur Internet, campagnes de sensibilisation auprès des organisations internationales … Elles auraient amené les ayatollahs réformistes de la ville sainte de Qom, le Vatican du chiisme à prendre la défense des femmes. A Téhéran, l’ayatollah Mahmoud Hashemi Shahroudi, le chef du pouvoir judiciaire en vient alors à émettre quelques réserves sur ce projet de réforme du Code familial, que son bureau avait pourtant initié.
Mais les députés conservateurs tiennent tête. Face à leur fermeté, plusieurs centaines de femmes manifestent, vendredi le 29 août, devant le parlement iranien. Deux jours plus tard, l’avocate Shirin Ebadi, la poétesse Simin Behbahani et plusieurs de leurs acolytes féministes sont reçues par les parlementaires qui finissent par céder à la pression en suspendant le projet.
« Nous devons rester vigilantes », tempère néanmoins la blogueuse Farnaz Seyfi, actuellement en Hollande, qui y voit une « victoire en demie teinte ». Le projet pourrait, dit-elle, ressurgir à tout moment. L’annonce de son annulation temporaire, en début de semaine, a également été noircie par une autre nouvelle, plus inquiétante : celle de la condamnation à six mois de prison de quatre activistes (Mariam Hossein-khah, Nahid Keshavarz, Jelveh Javaheri et Parvin Ardalan), impliquées dans la campagne « Un million de signatures pour la parité entre hommes et femmes ».
Illustration: Téhéran
PsychoMédia avec source:
Blog de Delphine Minoui, Le Figaro