Révision 16 mars : La start-up française Biosantech et le chercheur Erwann Loret du CNRS ont présenté, le 16 mars, des résultats dits encourageants qui montreraient une baisse des cellules infectées par le VIH à un niveau indétectable après l'injection d'un vaccin curatif expérimental chez des personnes séropositives. Ces travaux seront publiés dans la revue scientifique Retrovirology.
Quelques heures plus tard, dans Le Généraliste, relayé par Le Figaro, le directeur de l'Agence nationale de recherches sur le SIDA et les hépatites virales (ANRS), Jean-François Delfraissy, exprimait sa colère.
Après avoir pris connaissance de l'article à publier dans Retrovirology, il explique : « Il n'existe aucune donnée en faveur de ce candidat vaccin. Quelle que soit la dose administrée, aucune différence significative entre les doses de vaccin n'apparaît, notamment en matière de résultats sur la charge plasmatique virale. De plus, il n'existe aucune donnée solide sur l'effet de ce vaccin sur les cellules infectées et le DNA proviral.
»
Les trithérapies qui permettent actuellement de rendre la charge virale (le nombre de copies du virus) dans le sang indétectable, explique le communiqué de l'AFP rapportant la conférence de presse de Biosantech et du Dr Loret, n'ont que très peu d'effet sur le nombre de cellules infectées, qui servent de réservoirs de virus et causent une remontée de la charge virale dès l'arrêt du traitement chez la plupart des séropositifs.
Mis au point par ce chercheur, le vaccin cible la protéine Tat, produite par les cellules infectées par le VIH et qui empêche les défenses immunitaires de s'attaquer à elles. Dans l'essai clinique, mené à l'hôpital de la Conception à Marseille avec 48 personnes réparties en 4 groupes (un groupe sous placebo et 3 avec des doses vaccinales différentes), 9 participants ont eu un niveau de cellules infectées indétectables après 12 mois, est-il rapporté.
L'étude cherchait initialement à démontrer l'efficacité du vaccin sur le « rebond virémique », c'est-à-dire le retour de la charge virale dans le sang après arrêt de la trithérapie. Alors que 4 patients sur 12 ont eu une charge « quasi indétectable » un mois après l'arrêt pour la dose la plus efficace (33 microgrammes), les résultats ont été plus surprenants sur le plan des cellules infectées, soulignent les chercheurs. L'arrêt de la trithérapie n'a toutefois pas excédé deux mois durant l'essai.
Une étude de plus grande ampleur, associant vaccin et trithérapies, a-t-il été annoncé, pourrait bientôt être menée dans plusieurs centres hospitaliers dans le monde. Selon le Dr Loret, une éventuelle guérison, sur laquelle il reste prudent, ne s'obtiendrait qu'en associant le vaccin aux trithérapies, jusqu'à obtenir non seulement une charge virale et un nombre de cellules infectées indétectables, mais aussi une chute de la réponse immunitaire, qui signerait un retour à une séronégativité (rétro-séroconversion). Cette rétro-séroconversion n'a à ce jour été établie que pour un seul patient au monde, Timothy Brown, surnommé le « patient de Berlin », qui, après une leucémie, a reçu une greffe de moelle osseuse lui ayant permis cette guérison.
Selon le Pr Delfraissy, rapporte Le Parisien, plus d'une dizaine d'essais cliniques sont menés dans le monde sur des vaccins thérapeutiques contre le VIH, dont certains sont nettement plus avancés que la molécule de la start-up française.
À suivre...
Psychomédia avec sources : AFP (Le Parisien), Le Figaro, Le Parisien.
Tous droits réservés