Certaines personnes présentent des symptômes persistants plusieurs mois après une infection par le SARS-CoV-2. Ce phénomène, appelé « état post-Covid » ou « Covid long », demeure encore assez mal compris.
Des chercheurs de l’Inserm (Université et CHU de Montpellier) ont mis en lumière le rôle éventuel de la dérégulation d’une partie de la défense immunitaire innée.
Ils suggèrent notamment que la production de « pièges extracellulaires de neutrophiles », un mécanisme de défense de première ligne contre les pathogènes, pourrait avoir un rôle dans la persistance de symptômes à six mois, chez des patients ayant développé une forme sévère de COVID-19.
Les résultats sont publiés en octobre 2022 dans le Journal of medical virology.
Les neutrophiles constituent la classe de globules blancs la plus abondante et la première ligne de défense contre les virus et les bactéries. Lorsqu’ils sont activés, ils sont notamment capables de produire un mécanisme de défense appelé « pièges extracellulaires » (ou NETs, pour neutrophil extracellular traps). Composés de fibres d’ADN, d’enzymes bactéricides et de molécules pro-inflammatoires, ces pièges extracellulaires contribuent à la lutte contre les pathogènes, mais ils peuvent aussi dans certains cas déclencher une inflammation excessive, délétère pour l’organisme.
Dans de précédents travaux, Alain Thierry et ses collègues avaient montré qu’une partie de la réponse immunitaire innée est dérégulée chez les personnes atteintes de formes graves de COVID-19. Chez ces derniers, la formation de NETs est amplifiée, ce qui se traduit par des lésions multi-organes.
Dans leur nouvelle étude, les chercheurs ont analysé les échantillons biologiques de plus de 155 personnes atteintes de COVID-19 en phase aiguë non-sévère (hospitalisées) et sévère (placées en soins intensifs), et qui ont eu un bilan post-infection aiguë plus de six mois après leur sortie du service de soins critiques. Ces échantillons ont été comparés à ceux de 122 personnes en santé.
NETS et auto-anticorps persistant dans l’organisme
Par rapport à des personnes en santé, la production des NETs était plus élevée chez les personnes infectées par le SARS-CoV-2 et une quantité plus importante d’auto-anticorps dits « auto-anticorps anti-cardiolipine » était constatée. Produits par le système immunitaire, ces auto-anticorps sont souvent associés à la formation anormale de caillots dans les veines (phlébites) et dans les artères (thromboses artérielles).
Cette réponse immunitaire dérégulée se maintient chez les personnes qui présentent des symptômes de COVID long, six mois après une hospitalisation pour une forme grave. La production amplifiée et incontrôlée des NETs six mois après l’infection ainsi que la présence persistante des auto-anticorps pourraient expliquer en partie les symptômes du COVID long, via notamment la formation de micro-thromboses.
« Nos résultats pourraient indiquer la persistance d’un déséquilibre soutenu de la réponse immunitaire innée, et une activité potentielle pro-thrombotique prolongée pouvant expliquer les séquelles de post-infection aiguë ou “COVID long”
», conclut Alain Thierry. « Il est nécessaire de poursuivre les recherches afin d’une part de confirmer cela et d’autre part de mieux comprendre la nature de ce phénomène pouvant être grave et durable, pour améliorer la prise en charge thérapeutique des patients »,
Des travaux de recherche sont d’ores et déjà en cours dans certains laboratoires dans le monde, pour consolider ces données et pour explorer d’autres pistes.
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Psychomédia avec sources : Inserm, Journal of medical virology.
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