L'Institut national français de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a publié, le 23 mai 2022, un article faisant le point sur ce qui actuellement est connu de la variole du singe.

Au 21 mai 2022, 98 cas confirmés avaient été rapportés à l’OMS dans 12 pays dans lesquels la maladie n’est pas endémique.

Distribution géographique des cas confirmés et suspects de variole du singe en zone non endémique entre le 13 et le 21 mai 2022, à 13 h. Source : OMS.

La variole du singe est une maladie infectieuse qui est causée par un virus transmis à l’humain par des animaux infectés, le plus souvent des rongeurs (même si le virus a été découvert pour la première fois en 1958 au sein d’un groupe de macaques qui étaient étudiés à des fins de recherche, d’où son nom). Il s’agit donc d’un virus déjà connu depuis plusieurs décennies.

Les symptômes sont similaires, mais bien moins graves, à ceux de la variole (maladie ayant été éradiquée en 1980 grâce à des campagnes de vaccination massive).

« La maladie débute par de la fièvre et des maux de tête puis par un gonflement des ganglions et une éruption cutanée au bout de quelques jours, principalement sur le visage, les mains et les pieds. »

L'OMS mentionnne également des myalgies (douleurs musculaires et corporelles), un mal de dos et une asthénie (grande faiblesse).

« À l’heure actuelle, la variole du singe est encore endémique dans des régions de forêts tropicales humides en Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest », rapporte l'Inserm. « Le taux de létalité de la maladie varie de 1 à 10 % selon le variant (il en existe deux), mais une prise en charge médicale adéquate réduit considérablement les risques. La plupart des personnes guérissent spontanément et les foyers de contamination finissent généralement par s’éteindre d’eux-mêmes du fait de la faible transmissibilité du virus. »

« Des vaccins sont déjà disponibles contre ce virus. En cas de nécessité, des personnels soignants au contact des patients ou des cas contacts pourraient être vaccinés. Ces vaccins sont en effet efficaces pour prévenir l’infection dans 85 % des cas, même plusieurs jours après une exposition au virus. »

« Il est toutefois surprenant de constater une augmentation du nombre de cas, de manière si soudaine, dans des pays où le virus ne circule habituellement pas : cela explique que l’OMS et les autorités sanitaires demeurent tout de même vigilantes et suivent l’évolution de la situation », souligne l'Inserm.

« En Europe, le premier cas officiellement confirmé l’a été au Royaume-Uni, chez un patient qui était rentré d’un voyage au Nigéria le 4 mai dernier. Toutefois, aucun lien n’a été trouvé entre cette personne et tous les autres cas documentés jusqu’ici. Plusieurs introductions du virus, depuis plusieurs pays où la maladie est endémique, seraient donc possibles.

En France, le premier cas confirmé est un jeune homme de 29 ans n’ayant aucun antécédent de voyage dans un pays où le virus circule. Les investigations se poursuivent pour essayer de remonter les chaînes de transmission.

On constate une recrudescence depuis plusieurs années de la maladie en Afrique de l’Ouest. La reprise du trafic aérien et la fin des confinements favorisent probablement la diffusion de cette maladie en dehors des régions où elle est endémique. »

Transmission

Il s’agit d’un virus qui se transmet difficilement d’humain à humain, la transmission d’animal à l’humain étant bien plus fréquente.

« En ce qui concerne la transmission interhumaine, elle nécessite un contact étroit et prolongé entre deux personnes, et se fait principalement via la salive ou le pus des lésions cutanées formées au cours de l’infection. »

« La plupart des cas confirmés ces derniers jours concernent des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, ce qui a poussé les scientifiques à se poser la question d’une possible transmission par voie sexuelle. Celle-ci n’a jamais encore été démontrée, même si des données datant de 2017 suggéraient qu’elle était possible. À noter que cette transmission pourrait aussi être due aux contacts intimes et rapprochés lors de rapports sexuels et non pas par le rapport sexuel en soi.

Des spécialistes de l’OMS qui travaillent sur le VIH et les hépatites ont souligné que si ce virus pouvait être attrapé pendant une activité sexuelle, ce n’en est pas pour autant une maladie sexuellement transmissible et ont dénoncé certains propos stigmatisants partagés sur les réseaux sociaux. »

Parmi les questions qui doivent encore être élucidées : pourquoi le virus semble-t-il se propager davantage que ce que l’on connaît habituellement ?

« Le séquençage complet du virus, dans les échantillons collectés auprès de plusieurs patients dans des lieux différents, devrait aussi permettre d’y voir un peu plus clair sur la possibilité que d’autres variants aient émergé. Il faut cependant noter que contrairement au SARS-CoV-2, le virus de la variole du singe est un virus à ADN et non un virus à ARN. Cela signifie que son génome est plus stable et qu’il a une moindre propension à muter. »

Le texte de l'Inserm a été rédigé avec le soutien de Yannick Simonin, chercheur au sein de l’unité Inserm Pathogenèse et contrôle des infections chroniques et émergentes (Université de Montpellier/EFS). Il sera actualisé au fur et à mesure que de nouvelles données émergent.

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Illustration : Source Wikipédia, mai 2022.

Psychomédia avec sources : Inserm, WHO (OMS).
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