La France n'utilisera pas les 16 000 doses de l'antiviral remdésivir (Veklury) de l’américain Gilead dont elle dispose, a rapporté Le Monde le 31 décembre 2020.
Ce médicament intraveineux n’est plus recommandé pour le traitement de la COVID-19 hors essais cliniques randomisés.
Les doses demeurant dans le « stock d’Etat » ne seront pas délivrées aux établissements de santé.
Le 3 décembre, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a publié une réactualisation de ses recommandations thérapeutiques. On y trouve la même consigne que celle formulée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le 20 novembre : « Ne pas prescrire le remdésivir, quelles que soient la situation clinique et les modalités de prise en charge des patients, en dehors des essais cliniques randomisés.
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Mi-octobre, des résultats intermédiaires d’un vaste essai clinique international piloté par l'OMS, Solidarity, concluait à l’absence d’amélioration sur les malades atteints de la COVID-19.
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Alors même que Gilead connaissait déjà ces mauvais résultats, cela ne l’a pas empêché de signer, le 7 octobre, un contrat d’approvisionnement de 500 000 traitements avec la Commission européenne», rapporte Le Monde.Comme Le Monde l’avait révélé le 28 novembre, la France est le seul pays (avec le Liechtenstein qui n’a pas d’unité de soin intensif sur son sol) sur les trente-sept impliqués dans ce contrat à ne pas avoir passé commande. Selon la direction générale de la santé (DGS), cette décision s’explique « du fait des réserves émises dans l’avis du 16 septembre 2020 par la commission de la transparence de la Haute Autorité de santé ». En effet, cette commission considérait que le bénéfice médical rendu était faible, poussant alors Gilead à abandonner sa demande de remboursement pour le remdésivir. »
Dans son numéro de novembre 2020, la revue Prescrire jugeait prématurée l'autorisation, en juillet dans l'Union européenne, du remdésivir chez des adultes et adolescents atteints de COVID-19 avec atteinte pulmonaire nécessitant un apport d'oxygène.
« Les résultats du principal essai randomisé, versus placebo, n'ont pas montré de diminution de la mortalité avec le remdésivir, malgré l'inclusion d'un millier de patients
», pouvait-on lire. « Dans cet essai, le remdésivir a réduit le délai avant la “récupération clinique” chez des patients dont l'état justifie un apport en oxygène ou une ventilation mécanique. Le remdésivir expose à des réactions d'hypersensibilité, et peut-être à des atteintes rénales et hépatiques.
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COVID-19 : le remdésivir autorisé en Europe avec beaucoup d'inconnues (Prescrire, juil. 2020)
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Vaccins à ARN de Pfizer et Moderna : explications rassurantes de l'Inserm
Pour plus d'informations sur la COVID-19, voyez les liens plus bas.
Psychomédia avec sources : Le Monde, Prescrire.
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