Dans le cas de la covid-19, puisqu'il n'y a pas de vaccin, l'immunité collective ne peut être atteinte que si une proportion suffisante de la population contracte la maladie.
Cette proportion dépend de la propension du virus à se propager, c'est-à-dire du nombre de personnes qui seront infectées en moyenne par une personne contaminée. Ce nombre est appelé indicateur R0.
Dans le cas du coronavirus SARS-CoV-2 responsable de la covid-19, le R0 se situerait entre 2 et 2,5, selon les estimations des scientifiques, rapportait le journaliste scientifique Antonio Regalado le 17 mars dans la revue MIT Technology Review. Ce qui signifie qu'en moyenne chaque personne infectée transmettrait le virus à environ deux autres personnes, en l'absence de mesures pour contenir la contagion.
Les cas de personnes infectées, explique Regalado, se multiplient ainsi dans une population sensible de cette manière : 1, 2, 4, 8, 16, etc. Mais si la moitié des gens sont immunisés, l'épidémie se propage plutôt de cette manière : 1, 1, 1, 1… L'épidémie est enrayée dès que le taux d'infection est inférieur à 1.
Le taux de propagation actuel du coronavirus est plus élevé que celui de la grippe ordinaire, mais il ressemble à la grippe pandémique de 1918, rapporte-t-il. Cela implique que l'immunité collective, qui marquerait la fin de cette épidémie, nécessiterait que près de 50 % de la population soit immunisée, soit par un vaccin, qui n'est pas à l'horizon immédiat, soit par une infection naturelle, a indiqué l'épidémiologiste Marc Lipsitch de l'Université de Harvard lors d'une téléconférence d'experts à la mi-mars, rapporte Regalado.
La rougeole, par exemple, l'une des maladies les plus facilement transmissibles avec un R0 supérieur à 12, exige qu'environ 90 % des personnes soient immunisées pour que les personnes non protégées ne contractent pas la maladie. C'est pourquoi de nouvelles épidémies peuvent se déclarer même un petit nombre de personnes non vaccinée.
De même, si le coronavirus se propage plus facilement que ces estimations, il faudra qu'un plus grand nombre de personnes le contractent avant que l'immunité collective ne soit atteinte. Pour un R0 de 3, par exemple, 66 % de la population devrait être immunisée, selon le modèle le plus simple.
Présentement, indiquait de son côté Benoît Mâsse, professeur à l’École de santé publique de l’Université de Montréal (ESPUM), le 20 mars, le R0 de la COVID-19 serait plutôt estimé à environ 3. « S’il n’y a pas de R0 estimé pour le Canada en ce moment, ceux de pays où l’épidémie est plus avancée varient de 2 à 4 », rapportait-t-il.
Plus la pandémie se développe lentement, souligne Regalado, plus les chances que de nouveaux traitements ou vaccins efficaces apparaissent sont grandes.
Les modèles épidémiologiques les plus récents recommandent désormais une « suppression » agressive de la transmission par des mesures de confinement, souligne-t-il.
« La suppression de la transmission signifie que nous ne renforcerons pas l'immunité collective
», a souligné Azra Ghani, l'épidémiologiste en chef du nouveau modèle de l'épidémie de l'Imperial College London cité par Regalado. La contrepartie de la réussite est que l'immunité collective ne pouvant être atteinte, des mesures doivent demeurées en place.
Pour plus d'informations sur l'épidémie du COVID-19, voyez les liens plus bas.
Psychomédia avec source : MIT Technology Review.
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