Une équipe de chercheurs du Centre universitaire de santé McGill (Montréal, Canada) a montré qu'un logiciel d’aide à la décision, MedSécure, pourrait aider les médecins et les pharmaciens à réduire le nombre de médicaments que prennent les personnes âgées.
L’équipe de recherche travaille actuellement à développer une version du logiciel destinée aux patients.
L’étude a été publiée en septembre dans le Journal of the American Geriatrics Society.
« Effectuer un bilan de prescription s’avère une démarche complexe pour les équipes interprofessionnelles, et implique souvent des décisions compliquées
», explique la Dre Emily McDonald, première auteure de l’étude. « Par surcroit, le recoupement de médicaments et de conditions médicales multiples chez un grand nombre de patients demande du temps et des ressources qui ne sont pas toujours disponibles.
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Avec MedSécure, les médecins et les pharmaciens peuvent rapidement passer en revue les médicaments pris par un aîné hospitalisé et recommander à l’équipe médicale ceux qu’elle pourrait considérer réduire ou arrêter. MedSécure fournit également une liste des médicaments potentiellement inappropriés et génère des « rapports d’options de déprescription » pour les équipes soignantes. Le logiciel peut prendre en compte toutes les règles de déprescription incluses dans les listes des critères de Beers de l’American Geriatrics Society, du Screening Tool of Older People’s Prescriptions (STOPP) et de Choisir avec soin.
« Certains médicaments causent des pertes de mémoire et augmentent le risque de chutes, de fracture de la hanche et de visites à l’urgence
», souligne la Dre McDonald. « Il est important d’effectuer un bilan de prescription et d’arrêter les médicaments potentiellement problématiques pour aider les personnes âgées à maintenir leur indépendance, leur mobilité et leurs facultés cognitives.
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Cette étude pilote a été menée auprès de 1 066 patients âgés de 65 ans et plus dans quatre unités de médecine interne et d’enseignement clinique à Montréal, Ottawa et Toronto. Ces patients prenaient au moins cinq médicaments habituels à domicile au moment de leur admission. MedSécure a détecté chez 82 % des participants au moins un médicament potentiellement inapproprié ou nocif.
Dans la phase de référence, 418 patients ont reçu des soins habituels, tandis que dans la phase d’intervention, 455 patients ont été évalués à l’aide de MedSécure. Les équipes cliniques étaient libres de répondre à leur guise aux possibilités de déprescription générées par l’outil électronique.
Dans la phase d’intervention, les chercheurs ont observé une proportion accrue (8,3 %) de patients chez qui un ou plusieurs médicaments potentiellement inappropriés avaient été déprescrits au congé de l’hôpital. Ils ont également étudié l’apparition d’événements indésirables, liés aux médicaments ou non, dans les 30 jours suivant le congé de l’hôpital. Parmi les 410 patients qui ont été interrogés au bout d’un mois, aucune augmentation d’effets indésirables résultant de l’arrêt de médicaments proposé par MedSécure n’a été notée.
L’équipe de recherche travaille actuellement à développer une version destinée aux patients et effectue une étude plus vaste, portant sur 6 000 patients à travers 11 hôpitaux canadiens, pour évaluer l’impact de l’outil sur la prévention des effets indésirables des médicaments.
Pour plus d'informations sur les médicaments chez les personnes âgées, voyez les liens plus bas.
Psychomédia avec sources : Centre universitaire de santé McGill, Journal of the American Geriatrics Society.
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