L'ancienne et la nouvelle versions du Levothyrox (lévothyroxine) ne sont pas substituables pour chaque personne, selon les auteurs d'une étude publiée en avril dans la revue Clinical Pharmacokinetics.
L'étude a été menée par le biostatisticien Didier Concordet (université de Toulouse, INRA) et ses collègues (1) de l’Inserm et de l’University of London.
« En France, plus de 2,5 millions de patients sont actuellement traités à la lévothyroxine, principalement avec le Levothyrox
», rappellent les auteurs. « En mars 2017, à la demande des autorités françaises, une nouvelle formulation de Levothyrox a été homologuée, dans le but d'éviter des déficiences de stabilité de l'ancienne formulation.
»
Le lancement de la nouvelle formulation était appuyé par la réalisation d'un « essai de bioéquivalence moyenne
», expliquent les auteurs. La justification implicite était l'hypothèse que les deux produits, étant bioéquivalents, seraient interchangeables, ce qui permettrait de remplacer l'ancienne formulation par la nouvelle sans avoir avoir à calibrer individuellement la posologique comme requis pour un nouveau patient en début du traitement.
Malgré le fait que les deux formulations se sont révélées bioéquivalentes (en moyenne), des effets indésirables ont été signalés chez plusieurs dizaines de milliers de patients après avoir pris la nouvelle formulation.
Selon la nouvelle étude, qui a réanalysé les données de l'essai de bioéquivalence moyenne, plus de 50 % des 200 participants en bonne santé de cet essai se situaient en dehors de la plage de bioéquivalence, c'est-à-dire que la disponibilité du principe actif dans l'organisme était différente entre la nouvelle et l'ancienne formules du médicament.
Les auteurs estiment qu'une analyse des variations individuelles plutôt que la variation moyenne de groupe devrait être prise en compte. Ils donnent l'exemple du médicament Concerta (methylphénidate) pour lequel l'agence américaine du médicament, la Food and Drug Administration (FDA), a recommandé une telle analyse.
« Ces travaux sont susceptibles de remettre en cause le plan de développement prévu par Merck pour sa nouvelle version du Levothyrox, qui doit être déployée dans 21 pays européens au cours des prochains mois
», souligne Le Monde.
« Le tribunal d'instance de Lyon a débouté en mars les 4113 plaignants qui poursuivaient Merck dans le cadre d'une action collective pour “défaut d'information” dans le changement de la formule du Levothyrox
», rappelle Le Figaro. « Quelque 3000 de ces personnes ont fait appel, a précisé Christophe Lèguevaques, un de leurs avocats, et d'autres demandes d'appel sont en cours
», indique le quotidien, citant Reuters.
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(1) Peggy Gandia, Jean-Louis Montastruc, Alain Bousquet-Mélou, Peter Lees, Aude Ferran et Pierre-Louis Toutain.
Psychomédia avec sources : Clinical Pharmacokinetics, Le Monde, Le Figaro.
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