La morphine et les opiacés de synthèse constituent actuellement les médicaments les plus efficaces, mais « les effets secondaires sont considérables, en particulier la dépression respiratoire, mais aussi l’addiction et la tolérance
», soulignent les chercheurs.
« L’addiction aux opiacés constitue, en effet, un fléau national aux Etats-Unis avec 11 millions de patients dépendants et environ 175 décès journaliers à la suite de surdosages ; les autres pays ne sont pas épargnés.
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L’utilisation des neuropeptides endogènes (produits naturellement par l'organisme, ndlr), comme les enképhalines ou les endorphines, constitue incontestablement une alternative intéressante à l’utilisation de la morphine. En effet, en agissant principalement sur les récepteurs delta des opiacés (récepteurs de neurotransmetteurs qui modulent notamment la fonction de réponse à la douleur), ces molécules naturelles n’induisent pas ces effets secondaires. Malheureusement, après administration, ces molécules sont métabolisées en quelques minutes et sont dans l’incapacité de déclencher un effet analgésique. »
L’équipe « Nanomédicaments innovants pour le traitement des maladies graves » à l’Université Paris-Sud/CNRS, dirigée par Patrick Couvreur, a eu l’idée de synthétiser des échantillons de nanoparticules constituées de la leu-enképhaline couplée au squalène. La liaison chimique s’effectue via différents liens chimiques, activables enzymatiquement.
En collaboration avec des scientifiques de l’Institut de psychiatrie et neurosciences de Paris (Inserm/Université Paris Descartes) et du laboratoire de neuropharmacologie (Université Paris-Sud/Inserm), il a été montré que cette nanoformulation prévient la dégradation rapide et qu'elle induit, chez le rat, un effet antidouleur important et prolongé, avec une efficacité plus grande que celle de la morphine.
« Grâce à l’utilisation d’antagonistes des récepteurs aux opiacés, ne pénétrant pas la barrière hémato-encéphalique, il a été observé que, contrairement à la morphine, les nanoparticules de leu-enképhaline-squalène épargnaient le tissu cérébral et agissaient exclusivement au niveau des récepteurs périphériques.
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« L’imagerie a, par ailleurs, montré que les nanoparticules étaient capables de délivrer le neuropeptide spécifiquement au niveau de la zone inflammatoire douloureuse ; ils évitent ainsi les effets centraux (cérébraux, ndlr) responsables des phénomènes d’addiction.
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Les investigations biochimiques et histologiques menées chez les animaux traités n'ont pas montré de toxicité ou d'effet secondaire.
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Psychomédia avec sources : Inserm, Science Advances.
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