L'étude, dirigée par l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) et l'Hôpital universitaire de Lausanne (CHUV) en Suisse, est publiée dans Nature et Nature Neuroscience.
« A la différence des découvertes de deux études indépendantes publiées récemment aux Etats-Unis sur un concept similaire, ces travaux montrent que la fonction neurologique subsiste au-delà des séances d'entraînement, même lorsque la stimulation électrique est coupée
», souligne le communiqué de l'EPL.
« Tous les patients ont pu marcher en l'espace d'une semaine avec un soutien du poids corporel. J'ai su immédiatement que nous étions sur la bonne voie
», rapporte la neurochirurgienne Jocelyne Bloch, qui a placé les implants par chirurgie sur les patients.
« Le timing et la localisation de la stimulation électrique sont essentiels pour la capacité du patient à produire un mouvement volontaire. C'est aussi cette coïncidence spatio-temporelle qui déclenche la croissance de nouvelles connexions nerveuses
», précise Grégoire Courtine.
Le communiqué précise :
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Avec notre méthode, nous implantons une série d'électrodes sur la moelle épinière, qui nous permet de cibler des groupes individuels de muscles de la jambe», explique Jocelyne Bloch. «Des configurations spécifiques d'électrodes activent des zones spécifiques de la moelle épinière, reproduisant ainsi les signaux que le cerveau lancerait pour produire la marche».Pour les patients, le défi consistait à apprendre comment coordonner les intentions de leur cerveau en vue de la marche avec la stimulation électrique ciblée. Cela n'a pas été long. «
Tous les trois participants de l'étude ont pu marcher, aidés par un harnais supportant le poids de leur corps, après seulement une semaine de calibration. Et le contrôle volontaire des muscles s'est énormément amélioré en l'espace de cinq mois d'entraînement», dit Courtine. «Le système nerveux humain a répondu encore plus profondément au traitement que nous ne le pensions».
« Les nouveaux protocoles de réhabilitation fondés sur cette neurotechnologie ciblée ont induit une fonction neurologique améliorée, en permettant aux participants d'entraîner activement leurs capacités de marche naturelle dans le laboratoire pendant de longues périodes, contrairement aux entraînements passifs assistés par exosquelette.
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Au cours des séances de réhabilitation, rapporte le communiqué, les trois participants ont été capables de marcher sans s’aider de leurs mains sur plus d'un kilomètre, avec l'aide d'une stimulation électrique ciblée et un système intelligent de soutien du poids corporel. De plus, ils n'ont pas présenté de fatigue musculaire dans les jambes, de sorte qu'il n'y a pas eu de détérioration de la qualité de la marche. Ces séances d'entraînement, de longue durée et très intenses, se sont avérées cruciales pour déclencher une plasticité liée à l'activité – la capacité intrinsèque du système nerveux à réorganiser les fibres nerveuses – qui conduit à une fonction motrice améliorée, même lorsque la stimulation électrique est interrompue.De précédentes études recourant à des approches plus empiriques, telles que des protocoles de stimulation électrique en continu, ont montré qu'un nombre restreint de paraplégiques peuvent effectivement faire quelques pas avec des aides à la marche et une stimulation électrique, mais seulement sur de courtes distances, et aussi longtemps que la stimulation est active. Dès que celle-ci est interrompue, les patients reviennent immédiatement à leur état précédent de paralysie, et ne sont plus capables d'activer des mouvements des jambes. »
Une startup nommée GTXmedical, co-fondée par Courtine et Bloch, œuvre à développer « la prochaine génération de la neurotechnologie, qui sera testée très tôt après le traumatisme, lorsque le potentiel de rétablissement est élevé et que le système neuromusculaire n'a pas encore subi le phénomène d'atrophie consécutif à la paralysie chronique
». L'objectif « est de développer un traitement largement accessible
», dit Courtine.
Voici deux vidéos de l'EPFL portant sur ces travaux, une version courte et une version longue.
Version courte :
Version longue, intégrant des témoignages de patients (en anglais et français) :
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Un tétraplégique a reçu des implants cérébraux pour actionner un exosquelette (France)
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Un exosquelette de Toyota approuvé pour la rééducation de la marche
Pour plus d'informations sur les technologies de rééducation à la marche, voyez les liens plus bas.
Psychomédia avec source : EPFL.
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