12 % des personnes âgées qui attendent plus de 8 heures à l’urgence sont victimes d’un épisode de delirium, selon une étude publiée dans le British Medical Journal.
Les mesures de prévention et de dépistage de ce problème devraient être améliorées, estime Marcel Émond, de la Faculté de médecine de l'Université Laval, auteur principal.
Le delirium est une perturbation transitoire de la conscience, de l’attention, de l’orientation, de la mémoire, de la pensée et des perceptions, précise un communiqué de l'Université.
« Ce n’est pas banal, explique Marcel Émond. Les personnes qui en sont victimes peuvent adopter des comportements dangereux pour elles-mêmes ou pour les autres. Certaines refusent de collaborer aux soins au point où elles peuvent en mourir. Un épisode confusionnel dure de quelques heures à quelques jours, mais il peut entraîner des séquelles.
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Le professeur Émond et ses collègues (1) ont étudié les cas de 338 personnes de plus de 65 ans qui avaient attendu au moins 8 heures à l’urgence dans quatre hôpitaux du Québec. Elles étaient âgées en moyenne de 77 ans et étaient autonomes ou semi-autonomes.
À l’aide de tests de dépistage passés à intervalle régulier, ils ont établi que la prévalence du problème variait de 8 % à 20 % selon l’urgence étudiée, pour une moyenne de 12 %. Les patients qui ont eu un épisode de delirium ont été hospitalisés 4,4 jours de plus que ceux n'en ayant pas souffert.
« Les gens de 75 ans et plus sont les principaux usagers des services d’urgence et il faut adapter les soins pour composer avec leurs besoins particuliers, notamment en améliorant la prévention et la détection du delirium à l’urgence.
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Le delirium peut être prévenu en veillant à une hydratation adéquate des patients et en les faisant bouger régulièrement, souligne-t-il. De plus, il est possible de repérer les personnes atteintes de confusion mentale à l’aide de tests, notamment le RADAR (“Repérage actif du delirium adapté à la routine”) développé par l’équipe du professeur Philippe Voyer de la Faculté des sciences infirmières de l'Université Laval. Ce test, qui peut être réalisé en moins de 10 secondes, repose sur trois courtes questions auxquelles doivent répondre les infirmières qui veillent sur les patients.Un dépistage précoce permet une intervention rapide qui réduit la sévérité, la durée et les séquelles du delirium. “Le défi est d’intégrer ces tests à la routine de travail aux urgences, reconnaît Marcel Émond. Si quelques minutes de travail permettent d’éviter plusieurs jours d’hospitalisation, ça semble un bon investissement.”
Pour plus d'informations, voyez les liens plus bas.
(1) Valérie Boucher, Pierre-Hugues Carmichael, Philippe Voyer, Mathieu Pelletier, Simon Berthelot, Marie-Ève Lamontagne, Michèle Morin, Stéphane Lemire, Alexandra Nadeau et Natalie Le Sage
Psychomédia avec source : Le Fil (Université Laval).
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