Dans un entretien à Libération, Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, a abordé sa vision des défis qui doivent être relevés en ce qui concerne l'hôpital.
« Sur la santé et l’hôpital, (...) nous sommes arrivés au bout d’une histoire et d’un système
», estime-t-elle. « De vrais défis nous attendent, notamment sur la pertinence des soins, et une restructuration de nos hôpitaux est indispensable.
»
Il va falloir recentrer les activités des hôpitaux « sur leur valeur ajoutée et la médecine de recours, en renforçant leur capacité à accueillir tout le monde
».
« Par exemple, avec la tarification à l’activité, la T2A : ce système a fait croire à l’hôpital public qu’il devait se concentrer sur des activités rentables, qu’il devait se sentir une âme d’entreprise…
»
«
Nous avons risqué de faire perdre le sens de la mission de l’hôpital aux équipes en leur faisant croire qu’elles ne devaient faire que la rentabilité. Les équipes hospitalières ont été malheureuses de ce virage. Et cette logique est arrivée à son terme.Il faut changer la place de l’hôpital public dans notre système. C’est une urgence. Nous allons nous y atteler dès l’année prochaine avec tous les acteurs concernés, y compris pour traiter de la bonne articulation entre la ville, la médecine de ville, et l’hôpital. »
Les groupements hospitaliers de territoire (GHT), estime-t-elle, c'était une bonne idée. « Il faut poursuivre, car cela va nous permettre de mieux organiser les filières de soins, en faisant en sorte que les établissements ne soient pas en concurrence mais complémentaires les uns des autres. Aujourd’hui, il faut qu’ils se répartissent les tâches, regrouper les plateaux techniques plutôt que de les disperser.
»
Pour la ministre, la pertinence des soins est une priorité :
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20, 25, 30 % d’actes non pertinents : les taux varient, mais interrogez n’importe quel médecin, il sait qu’un certain nombre sont inutiles, redondants, et pourtant facturés et remboursés. Nous ne pouvons plus nous le permettre. Des opérations chirurgicales ne devraient pas avoir lieu. Quand vous regardez les pratiques en cardiologie, vous voyez des différences entre certaines villes, entre certains départements, qui n’ont pas de sens. En 2012, à l’Institut national du cancer, nous avons analysé les prises en charge de cancers du sein et nous avons noté des pratiques très hétérogènes et problématiques.»(...) Il faut mieux informer les patients et sensibiliser les professionnels de santé, qu’ils aient des guides de bonnes pratiques, et que la Haute Autorité de santé (HAS) définisse ce qui est pertinent ou pas. Je sais, c’est un travail à long terme, mais nous allons lancer des grands chantiers sur des pathologies de référence. »
« Notre système n’est pas adapté à une population vieillissante, qui a de multiples pathologies, nécessitant des prises en charge chroniques. On doit rééquilibrer l’activité vers ces parcours, où plusieurs professionnels se retrouvent et se coordonnent. Et d’ailleurs, nous allons avoir besoin de beaucoup plus de personnels non-médecins. Tout cela nécessite de repenser notre système de tarification.
»
Sur Libération : Agnès Buzyn : « Sur l’hôpital, nous sommes arrivés au bout d’un système ».
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