Le 6 septembre, le comité du Nobel de médecine a demandé la démission de deux de ses membres, Harriet Wallberg-Henriksson et Anders Hamsten, directement impliqués dans ce qui est appelé le scandale Macchiarini lorsqu'ils étaient à la tête de l'Institut Karolinska (Suède) qui attribue le prix Nobel de médecine.
En février dernier, un haut responsable du comité Nobel, Urban Lendahl, a déjà démissionné en lien avec ce scandale. La crise est telle que plusieurs appellent à un moratoire et à ce que le prix ne soit pas attribué cette année et l'année prochaine.
Le chirurgien italien Paolo Macchiarini, engagé comme chercheur dans le domaine des cellules souches à l'Institut en 2010, a greffé une trachée bioartificielle qu'il a conçue à des patients sans l'autorisation de l'agence du médicament suédoise, sans l'accord du comité d'éthique et sans le consentement éclairé des patients qu'il a opérés, résume Le Figaro. Les chirurgies ont été réalisées sans que des études préalables suffisantes (sur des animaux) aient été réalisées. Il a aussi sévi en Russie. Au total, il a opéré huit patients dont sept sont morts et le huitième, toujours hospitalisé.
Harriet Wallberg-Henriksson, ancienne doyenne de l'Institut, a recruté le chirurgien en court-circuitant les procédures habituelles, rapporte Le Figaro. Anders Hamsten, son successeur, a couvert Macchiarini lorsque des critiques concernant ses pratiques se sont faites de plus en plus évidentes.
En août 2014, Anders Hamsten avait pourtant été sérieusement alerté par quatre chirurgiens de l'hôpital qui, dans un rapport très détaillé, pointaient les fraudes évidentes repérées dans les six articles scientifiques publiés par le chirurgien.
« Autre alerte sérieuse en mai 2015. Sur la chaîne publique suédoise STV, le Pr Pierre Delaere, professeur de chirurgie à l'université catholique de Louvain, n'hésite pas à qualifier les prétendus résultats de Macchiarini de “l'un des plus gros mensonges de l'histoire de la médecine” et les opérations réalisées chez l'homme d'“actes criminels”. Au même moment, le rapport d'un autre professeur de chirurgie, le Pr Bengt Gerdin (Uppsala, Suède), réalisé à la demande de l'Institut Karolinska, conclut lui aussi à la falsification des résultats publiés. Mais à la surprise générale, l'Institut réhabilite Macchiarini, affirmant après avoir consulté “un millier de pages” fournies par ce dernier qu'il n'y avait pas là de quoi fouetter un chat.
»
Tout a failli s'arrêter là. Jusqu'à ce qu'en janvier 2016, un documentaire de la chaîne STV dévoile toute l'histoire. En mars, le chirurgien a été renvoyé de l'Institut.
Psychomédia avec source : Le Figaro.
Tous droits réservés