L’utilisation des heures supplémentaires chez les infirmières ou de personnel moins qualifié augmente le risque de mortalité chez les patients, selon une étude québécoise présentée au Congrès de l’Association francophone pour le savoir (Acfas) 2016.
Le professeur Christian Rochefort de l’Université de Sherbrooke (Québec, Canada) et ses collègues (1) ont suivi, de 2010 à 2014, une cohorte d’environ 125 000 patients admis dans un centre hospitalier universitaire québécois qui ont été exposés à plus de 6,5 millions de quarts de travail effectués par le personnel infirmier, toutes catégories confondues.
L’exposition des patients à trois politiques de dotation en personnel infirmier a été mesurée sur chaque quart de travail : 1) le nombre total d’heures travaillées ; 2) le pourcentage des heures travaillées en heures supplémentaires ; et 3) le pourcentage d’heures travaillées par des infirmières diplômées (bachelières et collégiales).
L’utilisation systématique des heures supplémentaires et de personnel moins qualifié augmentait de manière significative et indépendante le risque de mortalité, explique le chercheur.
« Par exemple, lorsqu’on augmente le pourcentage des heures travaillées par du personnel moins qualifié de 5 %, on accroît le risque de mortalité de 5 %. De plus, pour chaque augmentation de 5 % de la proportion d’heures supplémentaires travaillées, le risque de mortalité des patients s’accroît de 3 %. Et ce, après avoir tenu compte de la sévérité de la condition médicale et des caractéristiques des patients
», précise-t-il.
À la suite du virage ambulatoire, les hôpitaux regroupent maintenant une concentration de cas très complexes qui nécessitent des soins spécialisés. « On a besoin de personnel de plus en plus qualifié, parce que les patients sont plus lourds ; parce qu’ils combinent les pathologies. Pour prévenir les complications chez de tels patients, il faut du personnel bien formé et surtout vigilant ; ce qui peut devenir difficile après de longues heures de travail.
»
Le taux de roulement des infirmières atteint un niveau très élevé, indique le chercheur. « Les conditions de travail des infirmières impliquent très souvent de longues heures. On le voit dans les données de l’étude, ce n’est pas rare qu’une infirmière va dépasser les 12 heures de travail dans sa journée.
» Ces conditions engendrent des taux élevés de décrochage de la profession, d’où un cycle de pénurie latent qui se perpétue.
Des pistes de solutions seraient la valorisation du rôle de l’infirmière afin d’attirer plus de personnes dans la profession et l'amélioration des conditions de travail afin de retenir les infirmières actuellement dans le réseau.
(1) David Buckeridge et Michal Abrahamowicz de l’Université McGill.
Psychomédia avec source : Université de Sherbrooke.
Tous droits réservés