Une nouvelle classe de médicaments pour le traitement de l'hépatite C, qui "représente un tournant majeur
" fait son apparition sur le marché. Il s'agit des antiviraux à action directe (AAD).
L'efficacité est très supérieure aux traitements actuels, ces molécules permettant d'éradiquer l'hépatite C à plus de 90 % avec un traitement de quelques semaines, indique Jean-François Delfraissy, directeur de l'Agence française de recherche sur le sida et les hépatites (ANRS) en marge du congrès d'hépatogastroentérologie à Paris. Mais leur prix est absolument faramineux.
Le traitement actuel repose sur le Peg-Interféron associé à la ribavirine. Son efficacité est modeste, n'aidant qu'environ la moitié des patients, et les effets secondaires sont nombreux : fatigue, trouble de l'appétit, du sommeil, anxiété, troubles psychologiques et dérèglement de la glande thyroïde.
Trois antiviraux à action directe de laboratoires américains arrivent sur les marchés occidentaux : le Sofosbuvir (nom commercial : Sovaldi, du laboratoire de biotechnologie Gilead, autorisé aux États-Unis en décembre dernier et en Europe), le Siméprévir (de Janssen-Cilag, autorisé aux Etats-Unis et venant de recevoir un feu vert européen) et le Daclatasvir (de Bristol-Myers Squibb, dont les demandes de commercialisation sont à l'étude). D'autres AAD sont aussi attendus.
Un comprimé de Sofosbuvir est facturé 1 000 dollars aux Etats-Unis, soit 84 000 dollars (environ 60 000 euros) pour les 12 semaines de traitement préconisées. En France, le prix pour ces 12 semaines de traitement (environ 55 000 euros) pour 55 % des 232 196 personnes atteintes d'hépatite chronique équivaudrait au budget des hôpitaux publics parisiens (APHP), selon les calculs réalisés par Médecins du monde.
Gilead prévoit fixer des prix différents dans les pays riches, intermédiaires et pauvres. Malgré cela, les prix prévus pour les pays à revenu moyen (2 000 dollars pour 3 mois de traitement) excluraient la majorité des malades, précise Médecins du monde : en Indonésie, par exemple, traiter 50 % des personnes infectées représenterait plus que l'ensemble du budget du pays consacré à la santé publique.
185 millions de personnes sont infectées dans le monde et 350 000 meurent de ses complications, selon l'OMS.
Photo : Une manifestation à San Francisco le mois passé contre le prix du Sovaldi. Source: AIDS Healthcare Foundation, via New York Times.
Psychomédia avec sources : New York Times, 20 Minutes (AFP).
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