Les médecins du Québec sont très majoritairement ouverts à céder certaines responsabilités aux pharmaciens, selon un sondage mené en juin dernier par l'Association médicale du Québec (AMQ), auprès de 10 059 médecins, concernant les demandes de changements législatifs demandés par l'Ordre des pharmaciens en mars dernier. Ainsi:
- 83 % estiment que les pharmaciens pourraient prolonger certaines prescriptions parvenues à échéance, dans une optique de dépannage, avec des critères précis définis par les médecins et une limite dans le temps;
- 79 %, qu'ils pourraient adapter une ordonnance en fonction du poids d'une personne ou de ses allergies, à condition que le médecin prescripteur puisse donner son accord;
- 80 %, que les pharmaciens pourraient régler certains problèmes de santé bénins comme les feux sauvages et les allergies saisonnières;
- ils sont très majoritairement d'accord pour que les pharmaciens administrent certains médicaments et enseignent leur utilisation (exemple : pompe en inhalation pour l'asthme).
Mais une majorité s'oppose à ce qu'ils puissent demander certains tests de laboratoire comme l'Ordre des pharmaciens le propose (pour surveiller la sécurité de traitements, ex.: efficacité d'un anticoagulant en présence d’une interaction médicamenteuse avec un produit de santé naturel, élimination par les reins à partir d'un certain âge...). Les médecins tiennent à ce que l'analyse clinique des résultats de tests demeurent leur responsabilité exclusive. Dans plusieurs provinces canadiennes, les pharmaciens peuvent pourtant demander des tests de laboratoire.
Le diagnostic, également, doit demeurer un acte réservé aux médecins.
Les résultats de cette enquête représentent une ouverture plus grande que celle exprimée en mars dernier par la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) et le Collège des médecins. Ces derniers se disaient ouverts à un prolongement ou à une adaptation des ordonnances. Mais pour ce qui est de prescrire des médicaments pour des conditions médicales bénignes, le président de la FMOQ, le Dr. Louis Godin se disait «en profond désaccord». Et, le Collège s'opposait à toute prescription de médicaments qui repose sur l'autodiagnostic par les patients.
Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, se disait prêt à aller rapidement de l'avant avec le prolongement des ordonnances. Pour le reste, il n'écartait pas la formation d'«une table pour examiner les solutions possibles».
Plusieurs autres provinces ont en moyenne 3 à 5 ans d’avance sur le Québec dans ce dossier, selon l'Ordre de pharmaciens.
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