Dans le contexte d'un système de santé surchargé, où même pour un renouvellement d'ordonnance, pour une modification de dose ou un problème de santé mineur, l'attente à l’urgence ou en clinique sans rendez-vous est souvent la seule option pour plusieurs Québécois, l'Ordre des pharmaciens du Québec demande des changements législatifs qui permettraient à ses membres d'élargir leurs pouvoirs.

«Les pharmaciens ont des compétences, mais la population en est privée parce qu'ils ont les mains liées par la loi. C'est un non-sens auquel il faut mettre un terme», fait valoir la présidente de l'Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ), Diane Lamarre.

L'Ordre propose des changements à la loi qui permettraient à ses membres, de façon encadrée, les nouvelles activités suivantes:

  • prolonger certaines ordonnances qui ne sont plus renouvelables, en fonction de critères précis ;
  • adapter une ordonnance par exemple en fonction du poids du patient ou de ses allergies, lorsque la situation l'exige ;
  • contribuer à la résolution de certains problèmes de santé simples comme les feux sauvages ou les allergies saisonnières ;
  • demander certains tests de laboratoire pour surveiller notamment, la sécurité de l'utilisation des traitements (ex. fonction rénale) ;
  • administrer certains médicaments afin de montrer comment le faire aux patients (exemple : pompe en inhalation pour l'asthme) ou pour soutenir les objectifs de santé publique.

«Cela se fait déjà dans sept provinces où c'est balisé et très contrôlé», indique Mme Lamarre.

Alors qu'un baccalauréat universitaire compte en moyenne 90 crédits (ce qui se fait généralement en 3 ans), la formation des pharmaciens en compte 164, précise le site internet de l'Ordre. "Les pharmaciens connaissent les indications, interactions des médicaments ainsi que leurs particularités et les meilleures options thérapeutiques pour un problème de santé observé. Ce faisant, ils ont les compétences pour réagir à certains problèmes de santé, généralement autodiagnosticables par le patient, et trouver des solutions à partir des mêmes lignes directrices que celles utilisées par la profession médicale." Des balises clairement établies assureraient l'orientation vers un médecin lorsque pertinent. Les médecins seraient également informés des modifications aux prescriptions effectuées par les pharmaciens."

L'Ordre a lancé un site Web www.pourlemieux.ca, dans lequel sont illustrées par des vidéos diverses situations dans lesquelles de nouveaux pouvoirs des pharmaciens seraient utiles à la population. Une pétition en ligne y figure également. La campagne se déroule aussi sur YouTube, Facebook et Twitter.

La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) et le Collège des médecins se disent ouverts à un prolongement ou à une adaptation des ordonnances. Pour le reste, lorsqu'il est question de prescrire des médicaments pour des conditions médicales bénignes, le président de la FMOQ, le Dr. Louis Godin est «en profond désaccord». Le Collège s'oppose également à toute prescription de médicaments qui repose sur l'autodiagnostic par les patients. Ils évoquent par ailleurs le conflit d'intérêt que représente la prescription et la vente de médicaments par une même personne.

L'Ordre des pharmaciens a reçu le soutien du Conseil pour la protection des malades. La députée Agnès Maltais, porte-parole de l'opposition officielle en matière de santé, accueille également très favorablement le dépôt de ces demandes.

Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, se dit prêt à aller rapidement de l'avant avec le prolongement des ordonnances. Pour le reste, il n'écarte pas la formation d'«une table pour examiner les solutions possibles».

Psychomédia avec sources:
Ordre des pharmaciens du Québec, Le Devoir, Radio-Canada, Rue Frontenac
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