L'Association des neurologues du Québec a émis, le 22 mars, un communiqué de presse concernant le traitement par angioplastie veineuse de la sclérose en plaques. En voici le texte:
"Au cours des dernières semaines, plusieurs reportages se sont intéressés à une nouvelle approche appelée le traitement libérateur s'adressant aux patients souffrant de sclérose en plaques. Ce traitement proposé par l'équipe du Dr Paolo Zamboni de Ferrara en Italie est basé sur une nouvelle théorie soulevant comme possibilité que la cause de la sclérose en plaques soit imputable à des occlusions touchant des veines servant à drainer le sang provenant du cerveau et de la moelle épinière, deux régions touchées par la sclérose en plaques.
La présentation de cette étude par l'émission W5 à CTV en novembre dernier, avant même la publication de cet article dans une revue scientifique, a soulevé de grands espoirs chez les patients souffrant de sclérose en plaques. Devant la détresse que soulève la maladie chez les gens qui en souffrent, plusieurs patients désirent dès maintenant profiter du traitement proposé par le Dr Zamboni.
Il importe cependant de savoir que, dans les conclusions finales de l'article scientifique du Dr Zamboni, ce dernier reconnaît que cette étude n'est que pilote et qu'elle peut être biaisée par l'absence de cas contrôle pour comparaison ainsi que par le fait que cette étude n'est pas faite de façon aveugle, c'est-à-dire que le neurologue savait que les patients avaient été traités, apportant donc un biais possible. Dr Zamboni recommandait la mise en marche de protocoles de recherche plus complets pour vérifier ses conclusions.
De fait, une étude contrôle est actuellement en cours à l'Institut Neurologique Jacobs à Buffalo d'une part, alors que la Société canadienne de sclérose en plaques et la National MS Society des États-Unis vont subventionner d'ici juin 2010 des groupes de recherche sur ce sujet d'autre part. Comme les résultats ne sont que préliminaires, cette étude ne peut éliminer hors de tout doute que les effets profitables observés sont l'effet du hasard associé à l'évolution naturelle de la sclérose en plaques. Ce traitement n'est pas offert au Canada sans que cela ne se fasse dans le cadre d'un protocole de recherche dûment reconnu par un comité d'éthique. Un médecin offrant ce traitement au Canada à l'extérieur d'un protocole de recherche et contre rémunération violerait le Code de déontologie de la profession médicale et serait passible de réprimandes de la part de son ordre professionnel.
Plusieurs personnes souffrant de la sclérose en plaques désirent malgré tout profiter dès maintenant de ce traitement. Des centres médicaux en Inde, Pologne et Bulgarie proposent l'angioplastie veineuse contre une rémunération variant de 8 000 $ à 20 000 $ aux patients souffrant de sclérose en plaques. Or, ces traitements se feront sans suivi et ne seront donc pas l'objet d'un protocole de recherche. Depuis quelques semaines, des patients ont profité d'une tribune aux réseaux télévisés TVA et LCN pour faire part de leur intention de se rendre à l'étranger afin de profiter du traitement. Ces reportages amènent plusieurs personnes atteintes par la maladie à considérer se rendre eux aussi à l'étranger pour bénéficier de ce traitement.
Considérant que les résultats de l'étude du Dr Zamboni ne sont que préliminaires, que son étude est basée sur une cause hypothétique de la maladie non encore confirmée, que ces résultats ne sont que légers et limités qu'aux patients souffrant de la forme rémittente de la maladie, que dans ses conclusions le Dr Zamboni reconnaît que son étude n'est que pilote et qu'elle nécessite une confirmation par d'autres études randomisées, que les traitements actuellement proposés à l'étranger ne se font pas dans le cadre d'un protocole de recherche, l'Association des neurologues du Québec (ANQ) ne recommande pas aux patients du Québec de se rendre à l'étranger pour recevoir un traitement par angioplastie veineuse. Tout comme le Réseau des cliniques de sclérose en plaques du Canada regroupant les neurologues traitant les patients atteints par la maladie au Canada, l'ANQ recommande aux personnes atteintes de ne pas abandonner leur traitement habituel. Contrairement à ce qui est véhiculé par les médias, les résultats publiés par le Dr Zamboni ne suggèrent pas que l'angioplastie est un traitement curatif de la maladie. Les patients traités continuent de présenter une sclérose en plaques active. L'ANQ croit qu'à cause des risques que comporte ce type de traitement et des bénéfices pour le moment limités, il est préférable pour les patients atteints par la maladie d'attendre les résultats des études à venir."
Source: CNW Telbec (Communiqué de presse)