En France, les progestatifs oraux, des hormones de synthèse, de structure chimique proche de la progestérone secrétée par les ovaires, sont couramment prescrits depuis les années 1980. Les progestatifs sont commercialisés sous plusieurs noms : Orgamétril, Lutéran, Duphaston, Surgestone, Lutényl...

Ils sont prescrit pour la contraception (27 % des prescriptions ), pour des douleurs mammaires (47 % des prescriptions), pour

des pathologies de l’endomètre (29 % des prescriptions), pour des troubles liés à la périménopause (57 % des prescriptions), pour des maladies bénignes du sein (20 % des prescriptions) ou encore pour des syndromes prémenstruels (38 %). Cependant, les données disponibles sont rares concernant l’influence sur le risque de cancer du sein de l’utilisation de progestatifs seuls avant la ménopause."

Différentes études avaient déjà démontré que l’association œstrogènes et progestatifs de synthèse, dans le cadre d’un traitement hormonal substitutif (THS), augmentait le risque de cancer du sein chez les femmes ménopausées. Mais, la question de l’influence de l’utilisation, avant la ménopause, des progestatifs seuls (non associés avec des œstrogènes) sur le risque de cancer du sein restait encore en suspens.

L’équipe de Françoise Clavel-Chapelon, Directrice de recherche à l’Inserm (Institut Gustave Roussy), vient d’apporter un premier élément de réponse grâce à une étude publiée dans le British Journal of Cancer. Les résultats révèlent que les femmes qui ont utilisé pendant plus de 4 ans et demi un progestatif oral seul avant la ménopause voient leur risque de cancer du sein augmenté pendant la durée du traitement, le risque s’estompant à l’arrêt de celui-ci.

L'étude incluait 73 664 femmes. L’analyse montre une augmentation du risque de cancer du sein de 44% (1.44 fois plus de risque) chez les femmes en cours d'utilisation de progestatifs oraux depuis plus de 4 ans et demi, après l’âge de 40 ans et avant la ménopause. L’augmentation du risque du cancer du sein n’est plus apparente après l’arrêt des progestatifs, quelle que soit la durée du traitement.

Ces résultats, considèrent les chercheurs, nécessitent d’être approfondis et corroborés par d’autres études épidémiologiques à large échelle.

Cette recherche s'inscrit dans le cadre de la partie française de EPIC, vaste étude européenne coordonnée par le Centre International de Recherches sur le Cancer portant sur 500 000 européens dans 10 pays.

Sources:
Gazette du Laboratoire
Le Figaro