La recherche sur le rétablissement du trouble bipolaire s'est à ce jour concentrée principalement sur la rémission des symptômes et les critères de diagnostic. Les autres aspects du bien-être psychologique et du fonctionnement psychosocial ont été beaucoup moins étudiés.
Pour explorer ces aspects, Melanie J. Katz de l'Université de Toronto (Canada) et ses collègues (1) ont analysé les données de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes - Santé mentale de Statistique Canada de 2012 et ont comparé 555 Canadiens ayant déjà reçu un diagnostic de trouble bipolaire à 20 530 répondants n'ayant pas de tels antécédents.
Leurs résultats sont publiés en juin 2024 dans le Journal of Affective Disorders Reports.
Parmi les personnes ayant déjà reçu un diagnostic de trouble bipolaire, 43 % ne présentaient plus aucun symptôme bipolaire et environ 1 sur 4 (23,5 %) jouissait d'un état dit de santé mentale complète.
Alors que les 3/4 des personnes n'ayant pas d'antécédents de troubles bipolaires vivaient dans un état de santé mentale complète.
L’état de « santé mentale complète » est défini par l’absence de trouble mental et la présence d’un niveau élevé de santé mentale dite positive (bien-être psychologique, satisfaction…). Pour être considérés comme étant en santé mentale complète, les participants ne devaient souffrir d'aucune maladie mentale au cours de l'année écoulée, incluant le trouble bipolaire, la dépression et les troubles liés à l'utilisation de substances. Ils devaient également faire état presque quotidiennement d'un bien-être psychologique et social et se sentir heureux ou satisfaits de la vie. (La santé mentale complète est plus que la simple absence de maladie mentale)
« La présence d'un confident de confiance était le facteur le plus influent pour atteindre une santé mentale complète
», rapporte Ishnaa Gulati, co-auteure. « L'adoption de la spiritualité comme mécanisme d'adaptation et l'absence de douleur chronique étaient également des facteurs importants de l'épanouissement psychologique.
»
La prévalence de santé mentale complète était aussi plus élevée chez les personnes mariées, les répondants plus âgés, ceux qui avaient un revenu plus élevé et ceux qui n'avaient pas d'antécédents de toxicomanie ou d'alcoolisme au cours de leur vie.
« La plupart des recherches à ce jour sur les personnes atteintes de troubles bipolaires ne mettent pas l'accent sur le rétablissement et le fonctionnement optimal
», souligne Esme Fuller-Thomson, coauteure. « Nous espérons que les personnes atteintes de ces troubles, leurs proches et les professionnels de la santé seront encouragés d'apprendre qu'un quart des répondants qui souffraient auparavant de troubles bipolaires étaient maintenant épanouis et heureux ou satisfaits de leur vie presque tous les jours.
»
« Notre étude met en évidence les défis complexes auxquels sont confrontées les personnes atteintes de troubles bipolaires et la nature multidimensionnelle du rétablissement
», ajoute-t-elle.
« Pour répondre aux besoins multiples des personnes atteintes de troubles bipolaires, il faut adopter une approche globale impliquant un soutien social, des stratégies d'adaptation efficaces et l'accès à des ressources et services appropriés. Des interventions adaptées peuvent aider à atteindre non seulement la rémission des symptômes, mais aussi un bien-être global.
» (Trouble bipolaire : une psychothérapie pour mieux gérer les fluctuations d'humeur)
Pour plus d'informations, voyez les liens plus bas.
(1) Ishnaa Gulati, Esme Fuller-Thomson.
Psychomédia avec sources : University of Toronto, Journal of Affective Disorders Reports.
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