L'implantation réussie, le 18 décembre, d'un coeur artificiel de la société française Carmat chez une personne souffrant d'une insuffisance cardiaque évoluée, qui représente une première mondiale, sera suivie de plusieurs autres dans les prochaines semaines.
Trois jours après l'intervention à l'hôpital Georges-Pompidou (Paris), le patient porteur du coeur, âgé de 75 ans, allait "très très bien
", a-t-il été indiqué. Les médecins espèrent apporter au malade au minimum 5 ans d'espérance de vie.
Des cœurs artificiels sont implantés dans le monde depuis une dizaine d'années, mais il s'agit d'appareils temporaires, posés dans l'attente d'une greffe. Avec le coeur Carmat, "le but est d'obtenir une vie normale avec un coeur artificiel. Ce n'est pas une vie complètement normale, car il y a quelques contraintes, comme celles liées à l'alimentation électrique indispensable pour faire fonctionner une telle machine
", explique le Pr Jean-Noël Fabiani, chef du service de chirurgie cardiovasculaire de l'hôpital.
La bioprothèse est entièrement auto-régulée. Conçue pour se rapprocher le plus près possible de l’anatomie du cœur humain, elle est constituée de quatre valves et de deux ventricules fabriqués dans des matériaux biocompatibles. Elle fonctionne en s'adaptant à l’activité physique de la personne en assurant automatiquement la circulation sanguine à un débit physiologique.
Ce coeur est destiné aux malades en assistance cardiaque terminale, trop âgés pour espérer une greffe. Il s'agit d'un marché colossal : environ 100.000 malades en Europe et aux États-Unis ne pourront pas recevoir une transplantation, faute de greffons.
Mais tous ne peuvent bénéficier de cet appareil de 900 grammes, plus lourd qu'un coeur humain (300 g), qui ne peut être implanté que chez des personnes corpulentes : il est compatible avec 70% des thorax des hommes et 25% de ceux des femmes. Il est aussi très coûteux : environ 160.000 euros, autant qu'une greffe et ses suites opératoires.
Le coeur Carmat est le fruit du travail d'Alain Carpentier, 80 ans, inventeur, à la fin des années 60, des valves en tissus animaux, qui ont révolutionné le marché des valves cardiaques. A la fin des années 80, il obtient l'aide de Jean-Luc Lagardère, patron de Matra (futur EADS) et le projet est confié à une demi-douzaine de génies en mécanique, hydraulique, électronique, informatique. En 2008, EADS crée Carmat, contraction de Carpentier et de Matra, en y détachant les ingénieurs d'EADS qui travaillaient sur le coeur artificiel.
Aidée par de nouveaux financements du fonds Truffle et 33 millions d'euros d'aides publiques, puis cotée en Bourse, la société aura coûté plus de 100 millions à ses investisseurs.
Une animation, sur le site de Carmat, montre le fonctionnement du cœur artificiel.
Psychomédia avec sources: La Tribune, Journal International de Médecine, Carmat.
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