Il a été démontré à plusieurs reprises que la méditation de pleine conscience peut avoir des effets positif sur certains aspects de la santé et du bien-être.
Mais il demeure à préciser quels types de pratiques mentales produisent quels effets et quels sont les processus sous-jacents à ces effets.
D'autres questions en suspens sont, par exemple, est-ce que de telles pratiques peuvent induire une plasticité cérébrale structurelle et modifier les réseaux cérébraux qui sous-tendent ces compétences, et quelles méthodes d'entrainement sont les plus efficaces pour réduire le stress social.
Pour répondre à ces questions, Sofie L. Valk et Tania Singer du Max Planck Institute of Human Cognitive and Brain Sciences (Leipzig, Allemagne) ont, avec leurs collègues d'autres institutions (1), mené un projet d'envergure visant à distinguer les effets uniques des différentes méthodes d'entraînement mental.
Ils ont mené cette étude avec près de 450 participants, âgés de 20 à 55 ans, répartis en deux groupes qui ont participé à un entraînement à la méditation de pleine conscience qui comportait 3 modules de 3 mois portant sur des capacités différentes. Les exercices étaient enseignés une fois par semaine et pratiqués 30 minutes par jour, six jours par semaine. Les deux groupes ont réalisé les modules dans un ordre différent. Un troisième groupe n'a participé qu'à un seul module.
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Le premier module entraînait les capacités d'attention et d'intéroception basées sur la pleine conscience. Les participants ont appris des techniques de méditation classiques semblables à celles enseignées dans le cadre du programme de réduction du stress basé sur la pleine conscience (Mindfulness-based Stress Reduction Program - MBSR), qui consiste à concentrer son attention sur la respiration, sur les sensations dans différentes parties du corps, ou sur des repères visuels ou auditifs de l'environnement.
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Le deuxième module était axé sur des compétences socioaffectives, telles que la compassion, la gratitude et la gestion des émotions difficiles. En plus des exercices de méditation classiques, les participants ont appris une technique qu'ils pratiquaient, deux participants ensemble, chaque jour pendant 10 minutes. Ces exercices entre deux partenaires consistaient en un échange ciblé d'expériences affectives de la vie quotidienne visant à entraîner à la gratitude, à faire face aux émotions difficiles et à l'écoute empathique.
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Dans le troisième module, les participants entraînaient des habiletés sociocognitives, telles que la métacognition et la prise de perspective sur certains aspects d'eux-mêmes et sur l'esprit des autres. En plus des exercices de méditation classiques, ce module proposait également des exercices entre deux partenaires centrés sur les capacités de prise de perspective. Les participants apprenaient à prendre mentalement la perspective d'une « partie intérieure » ou d'un aspect de leur propre personnalité. Des exemples de parties intérieures sont la « mère inquiète », l'« enfant curieux » ou le « juge intérieur ».
En réfléchissant à une expérience récente, l'orateur s'entraînait à identifier la perspective qu'il exprimait, gagnant ainsi une compréhension plus complète de son monde intérieur. L'auditeur pratiquait alors la prise de perspective de l'autre.
Selon la technique d'entraînement mental pratiquée, des structures cérébrales spécifiques et des marqueurs comportementaux associés ont changé de façon significative.
Par exemple, après l'entraînement à l'attention, des changements dans des régions du cortex liées à l'attention et aux fonctions exécutives étaient constatés. Simultanément, l'attention était accrue dans des tests sur ordinateur mesurant des aspects exécutifs de l'attention alors que la performance dans les mesures de compassion ou de prise de perspective n'était pas améliorée.
Après les deux modules sociaux, des améliorations comportementales relatives à la compassion et à la prise de perspective ont été constatées. Ces changements correspondaient au degré de plasticité observé dans des régions spécifiques du cortex qui soutiennent ces capacités.
L'empathie, la compassion et la prise de perspective sont des compétences cruciales pour réussir les interactions sociales, la résolution des conflits et la coopération, soulignent les chercheurs.
Les différents types d'entraînement mental influençaient aussi différemment la réponse au stress.
Chez les participants aux modules de compétences sociales, mais pas chez ceux du module d'attention, la sécrétion de l'hormone de stress cortisol en réponse à un stress psychosocial était diminuée jusqu'à 51 %. (Voyez aussi : La méditation de pleine conscience améliore la résilience au stress selon des marqueurs biologiques)
La divulgation quotidienne de renseignements personnels à un étranger, conjuguée à l'expérience d'écoute empathique et sans jugement, peut avoir « immunisé » les participants contre la peur de la honte sociale et du jugement d'autrui qui est habituellement un déclencheur important du stress social, croient les chercheurs.
Malgré ces différences sur le plan de la réponse physiologique à un stress social, chacun des modules de trois mois réduisait la perception subjective du stress en général.
Les bénéfices de la pleine conscience et la méditation doivent être mieux démontrés, estimaient plus tôt ce mois-ci 15 experts dans la revue Perspectives on Psychological Science. Ils appelaient à mieux spécifier quelles pratiques ont des effets sur des capacités particulières. La présente étude représente certainement un avancement dans la bonne direction.
Pour plus d'informations, voyez les liens plus bas.
(1) Boris C. Bernhardt, Fynn-Mathis Trautwein, Anne Böckler, Philipp Kanske, Nicolas Guizard, D. Louis Collins.
Psychomédia avec sources : Max Planck Institute, Science Advances
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