Par exemple, ce cas extrême, un enfant de 4 ans est hospitalisé en psychiatrie parce qu'il s'était volontairement jeté devant une voiture. Tentative de suicide. À 4 ans. En 12 ans de pratique dans un grand hôpital québécois, le pédopsychiatre n'avait pratiquement jamais vu ça.
"Il y a 10 ans, «on ne voyait pas de maladies psychiatriques comme telles chez les jeunes. Maintenant, c'est monnaie courante chez les adolescents et de plus en plus fréquent chez les enfants», dit la pédopsychiatre Marie Plante, du Centre hospitalier universitaire de Québec.
Pourquoi? Évidemment, les diagnostics sont de plus en plus précoces et précis. «On dépiste plus tôt, on dépiste mieux. Avant, plusieurs enfants qu'on voit ici n'auraient pas consulté», souligne Patricia Garrel, chef du service de psychiatrie de Sainte-Justine.
Mais le développement même des enfants pourrait aussi être en cause. «Le développement cognitif des enfants se fait plus rapidement. Or, la dépression est liée au développement cognitif», explique le psychiatre Jean-Jacques Breton, de l'hôpital Rivière-des-Prairies. «Le stress de nos vies fait ressortir les fragilités plus vite», ajoute Marie Plante.
(...) Au Centre jeunesse de Montréal, on fait le même constat. À tel point qu'un projet d'entente vient d'être conclu avec deux hôpitaux de Montréal pour créer un hôpital de jour pour des tout-petits de moins de 5 ans atteints de problèmes de santé mentale. «La clientèle s'alourdit chez les petits», constate Anne Duret, coordonnatrice au soutien à l'intervention au CJM.
Le Dr Breton a établi au début des années 90 que, parmi les jeunes de 6 à 14 ans, un sur cinq souffre de problèmes de santé mentale, pris au sens large. Pour un jeune sur 10, le trouble est grave. «C'est un chiffre modéré», précise-t-il. Car depuis 10 ans, ces données ont probablement fait un bond. «Les troubles alimentaires augmentent. Les dépressions surviennent plus tôt.»
Le drame, c'est que ces enfants malades et leurs parents ont beaucoup de difficulté à obtenir de l'aide. Seuls 15 % des jeunes gravement atteints seront vus par un psychiatre. «Il nous en échappe énormément», dit Luc Blanchet."
Comme nous le rapportions récemment, les pédopsychiatres craignent que le plan d'action gouvernemental en santé mentale ne vienne réduire davantage l'accès aux services pédiatriques.
Source: Cyberpresse, 5 février 2007
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