J'étais heureuse d'avoir contemplé ce printemps.
De m'être encore une fois laissé apprivoisée,
Sachant d'avance que tôt ou tard, j'en sortirais blessée.
Mon coeur ne se discipline pas; il est fait pour aimer.
Mon coeur est enfant et il le sera toujours,
Car il est fait pour l'Amour.
Ce qu'il a recueilli au printemps, a mûri tout l'été.
Et comme les oiseaux, je n'ai point cessé de chanter.
Que ton cri de joie se répande et qu'il enfante la soif d'aimer.
Enfanter, n'est-ce pas donner au maximum
Ce qu'en toi, tu as laissé germer.
Tremblante automne, de toutes parts secouées,
Ta douloureuse beauté et la richesse de ta nudité.
N'est-elle pas comprise et remarquée?
Je vois et j'entends avec mon âme...
Ton angoissante mort... et ta paisible espérance.
Je vois et j'entends avec mon âme...
Tes cieux sont pleins de pleurs et tes vents se lamentent.
Tes bras tendus vers cette lumière cachée.
Implore contre toute espérance.
Une ardente prière et une soif d'aimer.
Je vois et j'entends avec mon âme.
Les cieux, la terre, de blanc sont tapissés.
De toute image, mon regard s'est vidé.
Impassible, mon âme déchirée,
S'est finalement endormie par le vent d'une nuit gelée.
Et engloutie sous cet amas de froid, est restée là...
Auteur: Eliane Beaudry
le 22 /10/1984