L'association française de défense des consommateurs UFC-Que Choisir publie, dans le numéro de février de Que Choisir Santé, une enquête réalisée auprès de 50 médecins généralistes (à Paris, en région parisienne et en province) qui ont été visités par un patient unique en bonne santé, se plaignant d’un mal de gorge fictif et disant craindre une angine :
- 52 % des visites ont été conclues par la prescription d’antibiotiques;
- chaque ordonnance comprenait 2,4 médicaments, en moyenne, en plus des antibiotiques;
- certains médecins ont même prescrit des corticoïdes, pourtant non recommandés pour un mal de gorge.
Or, la grande majorité des angines (inflammation de la gorge et des amygdales) ne sont pas bactériennes mais virales, et dans ce cas le recours aux antibiotiques est inutile. Les médecins disposent d'un test, à résultat immédiat, détectant l'infection bactérienne. Si le test est positif, des antibiotiques sont utiles. La dernière campagne de l'Assurance maladie sur l'utilisation inappropriée des antibiotiques était centrée notamment sur l'angine: «si on les utilise à tort, ils deviendront moins forts».
UFC-Que Choisir demande, une nouvelle fois, au ministère de la Santé des mesures concrètes pour garantir une information objective aux médecins.
"Voilà donc une nouvelle preuve du caractère irrationnel des prescriptions, qui explique que la France se singularise tristement dans le paysage européen", commente l'association qui rappelle que la consommation de médicaments par habitant est supérieure de 40 % à celle des voisins européens.
"Non seulement en totale contradiction avec les impératifs les plus élémentaires de santé publique, ces prescriptions irrationnelles sont en outre inacceptables compte tenu de la charge financière qu’ils font supporter à la collectivité, dans un contexte où les déficits de l’assurance maladie menacent la pérennité du système et l’égal accès aux soins", ajoute-t-elle.
L’information scientifique donnée aux médecins doit contrebalancer la pression exercée par l’industrie pharmaceutique au moyen notamment des visiteurs médicaux. L’association rappelle sa proposition de création d’un corps de 1 700 visiteurs médicaux publics et indépendants, placés sous l’égide de la Haute Autorité de Santé.
Depuis plusieurs années, UFC Que Choisir dénonce les surprescriptions et l'influence des labos:
UFC-Que Choisir dénonce l'influence des labos sur les médecins (sept 2007)
Prescriptions excessives de médicaments: l'UFC-Que Choisir cible le Plavix (janv. 2008)
Plus tôt ce mois-ci, Martin Hirsch (ancien directeur de l'Afssaps jusqu'en 2005 et directeur de cabinet de Bernard Kouchner au ministère de la Santé) proposait de bannir les visiteurs médicaux.
Psychomédia avec sources:
UFC Que Choisir (communiqué), Le Parisien
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