Le laboratoire GlaxoSmithKline (GSK) a récemment été condamné par le tribunal de Nanterre à verser près de 400.000 euros à une jeune femme atteinte de sclérose en plaques après avoir été vaccinée contre l'hépatite B, rapporte le quotidien Liberation.fr. Ce jugement intervient après dix ans de procédures.
GSK a été déclaré "entièrement responsable des conséquences dommageables résultant de la défectuosité du vaccin Engerix B". Cette décision est une première depuis un arrêt de la Cour de Cassation de 2003 indiquant que le lien entre la vaccination et la sclérose en plaques ne pouvait être établi.
Dans son jugement rendu le 12 juin, la 2e chambre civile du tribunal a estimé que pour le cas d'espèce, "l'imputabilité de la pathologie (...) à l'injection du vaccin (...) est établie". Parmi les "indices", le tribunal retient l'excellente santé de la victime avant la vaccination, l'apparition de "troubles neurologiques quelques semaines après la dernière injection du vaccin" et la rareté de la survenance de la sclérose en plaques chez l'enfant (1 cas sur 100.000 entre 10 et 15 ans contre 45 sur 100.000 dans la population générale).
Pour le tribunal, la "défectuosité" du produit vient de sa présentation, car "la notice du vaccin" en 1997 "ne mentionnait pas le risque de sclérose en plaques", pourtant indiqué dans le dictionnaire Vidal dès 1994. Enfin, "l'autorisation de mise sur le marché d'un produit pharmaceutique n'a pas pour effet d'exonérer le fabricant de sa responsabilité", estime le tribunal.
Des centaines de plaintes similaires ont été déposées devant les tribunaux civils, mais aussi au pénal: la juge Marie-Odile Bertella-Geoffroy, qui dirige le pôle de santé publique à Paris, a mis en examen GSK et Sanofi Pasteur MSD l'an dernier pour «tromperie aggravée». L'affaire est toujours en cours d'instruction.
Depuis la mise sur le marché des vaccins contre l'hépatite B, 33 millions de personnes ont été vaccinées en France, dont 12 millions d'enfants de moins de 15 ans et 3,4 millions de nourrissons. Près de 1300 cas de complications neurologiques ont été recensés chez des personnes vaccinées. Le vaccin Engerix B est le plus utilisé: près de 800.000 doses pour enfants et nourrissons ont été remboursées par l'assurance-maladie en 2007.
Ce vaccin a été partiellement mis en cause en 2008 par une étude du Pr Marc Tardieu (hôpital Bicêtre), mais la Commission nationale de pharmacovigilance a estimé la même année que le rapport bénéfice-risque du vaccin contre l'hépatite B restait positif.
Psychomédia avec sources:
Libération
TF1
Le Monde (sept 2008)