En conférence de presse jeudi, l'Association des médecins psychiatres du Québec (AMPQ) a formulé des recommandations pour mieux encadrer la pratique des expertises psychiatriques en cours, demandant notamment que ce soit le tribunal qui nomme les témoins experts en psychiatrie plutôt que les avocats. Actuellement, un avocat peut demander plusieurs expertises et ne dévoiler que celle qui avantage son client.
Des causes récentes, notamment l’affaire Turcotte, ont pu miner la confiance du public envers le processus judiciaire et l’utilisation de l’expertise psychiatrique en particulier, souligne le Devoir.
Selon la Dre Karine J. Igartua, présidente de l'association, le système souffre de trois failles : le manque de balises encadrant qui est expert, l’encadrement des experts eux-mêmes et la transparence dans l’utilisation de leur opinion professionnelle.
"Il n’y a absolument rien qui dicte qui peut se prétendre expert de quoi
", déplore-t-elle. Un psychiatre spécialisé dans une clientèle adulte pourrait, en cour, évaluer sans être inquiété le cas d’un enfant.
L’AMPQ propose que le Collège des médecins gère une banque d’experts centralisée, lesquels devraient prouver leur habilité à intervenir dans les dossiers; et que le Collège pratique des inspections professionnelles consécutivement aux expertises pour s’assurer qu’elles sont de qualité et fondées.
Si c’est le droit criminel qui retient l’attention du public (par ex. l'affaire Turcotte), c’est le plus souvent en matière de droit civil que les psychiatres sont sollicités. Et là aussi, les lacunes actuelles nuisent à l’équité entre les parties, selon la Dre Igartua.
Le Collège des médecins a créé un groupe de travail sur la médecine d’expertise qui doit rendre son rapport l’automne prochain. L’AMPQ participe à cette réflexion.
Psychomédia avec source: Le Devoir.
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