Bonjour à tous.
Par ce message, je désire surtout partir une session de "brainstorming" afin de discuter des diverses lacunes du système légal en ce qui a trait à la violence conjugale, et plus précisément la violence psychologique. La question est "Comment le système légal pourrait-il mieux protéger les victimes de violence conjugale?"
On croirait que la solution est bien évidente, que le système légal devrait faire tout pour protéger ces gens, mais dans bien des cas, il n'en est rien. Eh bien voilà que vous êtes mariée ou que vous cohabitez avec un homme depuis x nombre d'années. Vous avez eu des enfants avec lui, et au début vous filiez le bonheur parfait. Mais en cour de route le vin est tourné au vinaigre et votre conjoint commence graduellement à vous dénigrer, vous traiter d'idiote, raconter des faussetés sur vous à vos proches à votre insu, à vous isoler petit à petit de votre famille et vos amis. Il contrôle toutes vos allers et venues, il pique des crises de jalousie. En bref, il faut maintenant se rendre à l'évidence: vous êtes aux prises avec un abuseur. Une fois que vous le réalisez, que faire?
La première étape est de le quitter, préférablement en emportant vos enfants avec vous, si vous en avez. Heureusement, il y a des ressources disponibles pour cela dans les CLSC et il existe un réseau de maisons d'accueuil pour vous héberger temporairement.
Le problème débute vraiment lorsque vous entamez des procédures de séparation et divorce. Oubliez le divorce à l'amiable ou par consentement mutuel. Peu d'abuseurs voudront laisser leur proie filer si facilement. Alors débute un long combat. Le problème est que le Tribunal de la Famille est pauvrement équippé pour traiter les causes de divorce pour violence familiale.
Premièremnt, bienqu'il est possible de bénificier d'un processus de médiation gratuite, celui-ci ne fonctionne que si les deux parties arrivent à s'accorder un tantinet. Lorsque vous êtes aux prises avec un abuseur, il fera tout pour saborder la médiation. Alors le règlement du divorce devra se faire devant le tribunal, et la solution du moindre litige devra probablement être décidée par un juge. Le premier problème est que les victimes étant majoritairement des femmes, et plusieures sont sans emploi au moment de la séparation. Sauf exception, la majorité de ces femmes sont défavorisées économiquement face à leur ex-conjoint et les coûts sont souvent prohibitifs (un avocat coûte souvent $150 à $200 l'heure). Certaines seront elligibles à l'assistance juridique, mais beaucoup ne le sont pas. Pour celles qui doivent assumer les frais légaux, c'est souvent très difficile d'arriver. Ainsi leur ex-conjoint peut multiplier les batailles légales jusqu'à ce que sa victime manque de fonds.
La garde des enfants présente un autre problème. On pourrait croire que la solution est simple: les enfants demeurent avec leur mère et le père à des droits de visite. Mais la réalité en est tout autre. Le premier problème est que le tribunal favorise grandement la garde partagée et qu'il est souvent difficile de dissuader le juge si le père exprime le désir d'avoir ce mode de garde. Pourquoi? Trop peu de juges sont vraiment familiers avec le problème de la violence familiale et y accordent très peu d'attention. La garde partagée semble être considérée comme le nec plus ultra des modes de garde, allouant un accès plus ou moins égal des parents à leurs enfants. Cela peut bien être idéal dans un cas où il n'existe pas de conflit majeur entre les parents, mais qu'en est-il des enfants qui doivent aller vivre la moitié de leur temps avec un parent abusif? Il semeble de nos jours que la cour ne s'en soucie guère. Il n'est apparamment pas important qu'un parent abusif puisse se servir de ses enfants comme pions dans son jeu d'échecs contre sa proie, voire même les abuser à leur tour. Il existe des expertises psycho-sociales qui peuvent être ordonnées par la cour pour évaluer la capacité des parents à prendre soin de leurs enfants. Mais ces expertises ne sont pas assez approfondies pour déceler des pathologies chez un ou l'autre des parents, et les psychologues qui en sont chargés sont tout aussi vendus sur l'idée de la garde partagée que les juges. Résultat: beaucoup de femmes restent aux prises avec leur ex-conjoint abusif, même des années après le prononcement du divorce.
Le système semble complètement ignorer le fait vécu par les milliers de victimes de violence psychologique parce que celle-ci est trop difficile à prouver à la cour. Par de fractures, pas d'oeil au beurre noir, donc pas d'abus. Par contre, c'est reconnu que l'abus psychologique laisse des séquelles bien plus importantes que l'abus physique.
Que devrait-on faire? J'apprécierait vos commentaires. Peut-être aurons-nous un débat intéressant.
Au plaisir
Philo