decès et enfermement

bonjour,
mon amie a perdu son chien (cancer) et depuis elle s'enferme sur elle meme, il faut dire qu'il etait très liés et ne se quittaient jamais.
Quand on se voit elle prend des pretextes futiles pour m'agresser, ca me blesse. Elle ne peut entendre raison et dit qu'elle ne veut plus voir de monde durant un temps (deja 1 semaine 1/2).
Je pense qu'un couple doit vivre les moments difficiles ensembles donc je souhaite la reconforter, mais elle ne repond pas au telefon, ni aux emails.
Que dois je faire ? respecter son enfermement ou forcer sa porte avec delicatesse ?
merci de vos reponses
jojo

merci pour vos messages, j'y trouve reconfort et de bons conseils pour vivre la situation.
Et puis vous avez raison, un coup elle repond, un coup elle repond pas ; mais hier je lui ai envoyé un email chaleureux intitulé 'tristesse partagée' et elle m'a repondu, gentiment que je devais avoir la patience d'attendre... J'ai retrouvé vos propos dans sa réponse.
Donc je vais tacher de forcer doucement sa porte sans abuser et essaierai de me sentir moins profondement blessé dans mon amour qd elle repond pas ou mal.
jojo

À cause de ce que ta copine vit,qu'est-ce que toi tu ressens face à ça?Quels sentiments vis-tu en toi?
Tu sais,dans toutes situations difficiles,ce qui rends la chose plus difficile encore,c'est le manque de communication.Mais faut-il être en mesure de savoir communiquer avec soi-même pour le communiquer à l'autre.ALors dis-moi jojo,as-tu communiqué à ton amie,ce qui se passe en toi,durant qu'elle vit ce deuil?Tu veux lui aider,je te comprend,mais il faut aussi que tu puisses t'aider,car elle ne peut le faire présentement,et en lui communiquant ce que tu ressens,tu vas d'un premier temps exprimer ton vécu,ce qui est primordial,et de ce fait,lui aider à voir que la vie continue,et que tu es toi,bien vivant,avec des sentiments,et de l'amour pour elle.
Tu sais,écrire une lettre,c'est pas plus difficle qu'un email,mais c'est plus personnel et intime.Je comprend que ce qu'elle vit est difficile,et demande du temps pour que le deuil s'accomplisse,mais parfois les gens ont besoin,qu'on leur mette la lumière en plein visage,pour mieux voir où ils en sont.Alors si tu forces sa porte,avec respect pour ce qu'elle vit,et amour pour toi et elle,ça ne peut lui nuire,car tu lui montres que tu es là,bien vivant,et que la peine,faut la vivre,oui,mais pas se noyer dans ses propres larmes.
L'humain est fragile,lorsqu'il se sent seul et abandonné,mais quand il prend conscience,qu'on a besoin de lui,souvent la peine s'amenuise.ALors,n'aie pas peur de lui dire que tu as besoin d'elle,et que sa peine te fais souffrir.C'est ça être vrai et humain.:)

Sois toi et vrai dans ton amour pour elle.
Mély

Bonjour Jojo,

Difficile position que la tienne...

Je ne sais pas trop quoi te conseiller, n'ayant jamais été exactement dans une situation absolument identique.

J'ai envie de dire qu'il faut respecter, non pas son enfermement, mais plutôt sa douleur, ce qui me paraît différent...
Par conséquent, j'aurais envie de t'inviter à "forcer sa porte avec délicatesse" comme tu dis... Mais alors avec beaucoup beaucoup de délicatesse...
En effet, faire un deuil n'est pas chose facile, mais il faut éviter justement qu'elle s'enferme. Elle, c'est peut-être tout ce dont elle a envie aujourd'hui, ou la seule chose dont elle a la force... il faut l'aider à voir au-delà de la mort.. A reconstruire derrière le déchirement. Si personne ne l'aide, elle risque ne pas plus s'aider elle-même, et risque de s'enfoncer toujours plus...

Néanmoins, elle est très fragile, très bouleversée, affectivement mais aussi psychologiquement (la mort de son chien remet en cause beaucoup de croyances et schémas sur lesquels alle avait construit sa vie) et physiquement (sa vie a concrètement changé : elle ne va plus se prominer avec son chien, elle ne peut plus le caresser...). Il faut tenir compte de cela, et c'est ce qui est le plus difficile pour l'entourage. Forcer la porte, oui, mais encore faut-il ne pas se montrer trop culpabilisant. Il faut qu'elle sente ta main tendue, mais qu'elle se sente libre de la rejeter, sans culpabiliser...

C'est un douloureux chemin que celui que tu t'apprêtes à traverser. Mais tiens bon, montre-toi disponible, ne te vexe JAMAIS (ou je sais, c'est injuste) si elle te rejète... Montre-lui simplement où est la lumière, tout en lui laissant l'entière liberté d'y aller ou non...

Tu sais, moi, j'ai perdu l'homme que j'aimais il y a maintenant 5 ans. Evidemment, je n'avais personne comme toi pour me soutenir, puisque c'était lui qui aurait pu me soutenir... J'ai pleuré, terrée chez moi, pendant 15 jours. Je ne voulais voir personne, tout me rappelait tellement lui... J'étais effectivement enfermée. Mes amis m'ont beaucoup aidé, en étant simplement là, dans la vie, là où moi je ne rêvais que d'une chose, suivre mon amour dans la mort... Mes amis sont restés disponibles, sans jamais me presser, sans jamais me brusquer, sans jamais me juger, sans tenter de me donner des leçons. Ils comprenaient, ils respectaient, ils me disaient juste "La vie continue, elle est là, on y est. Effectivement, ce que tu vis est très dûr, on ne peut pas savoir. Sache juste que nous sommes là, nous ne t'oublions pas, nous t'attendons.". Et ils m'appelaient pour sortir, sans jamais me forcer ou quoi que ce soit. Leurs propositions me permettaient juste de rester connectée à la vie. Je répondais "Non" (ou je ne répondais pas), ils ne s'en formalisaient jamais. Ils continuaient à m'inviter, à m'envoyer des messages pour me dire qu'ils pensaient juste à moi.
Et puis, au bout de 3 semaines, je suis ressortie de ma torpeur. J'avais tellement pleuré, tourné en rond, que j'avais besoin de passer à autre chose. J'ai été heureuse de les retrouver, là, dans la vie, tout simplement.

Bon, maintenant, si je peux être très honnête, le meilleur conseil qu'ils auraient pu me donner, c'est de courir chez un psy... Aujourd'hui, j'ai 30 ans, et je n'ai jamais réussi à reconstruire une relation derrière... Donc voilà. Mon enfermement "aigü" a duré 3 semaines... Mais un enfermement plus grâve, plus sourd, dûre depuis 5 ans... Je n'avais pas mesuré la portée du traumatisme... Pensant qu'ayant réussi à me remettre dans la vie, j'y étais...
Aujourd'hui, finalement, je vais voir un psy. Enfin...

Alors, je ne sais pas... Peut-être peux-tu conseiller à ton amie d'aller voir un psy (sachant néanmoins qu'un chien, ce n'est pas comme un homme, mais bon, il s'agit d'affectif dans les deux cas). Ce n'est pas à toi de jouer le psy. Cela dit, comment lui dire ? Le prendra-t-elle bien ? Y est-elle prête ?
Moi, je pense que j'aurais bien peu écouté si on m'avait dit ça... et pourtant...

Bon courage Jojo.