Premier message
Expérience
Salut Seth,
C'est impressionnant, je me suis beaucoup reconnu dans ta description.
J'ai fais une depression pendant 4 ans. J'en suis sorti aujoud'hui sans consulter simplement avec le temps. Les tâches ménagères les plus simples étaient pour moi aussi très pénibles. Je ne faisais plus rien, j'avais l'impression de ne plus vivre, d'être comme mort. Mon seul plaisir était de rester allonger et de dormir.
Je pense que la cause principale de ma dépression est ma grande timidité. Il y a 4-5 ans je me sentais mal de ne pas avoir de petite amie. C'était devenu une obsession. Tout le temps je pensais à cela. J'avais des angoisses en pensant au fait que je serais peut-être seul toute ma vie. Ma trop grande timidité ne me permettait pas d'avoir de petite amie, je n'osais rien entreprendre. Ce sont ces obsessions et angoisses qui m'ont fait tombées dans la dépression je pense.
Aujourd'hui je ne suis plus tellement déprimé mais ma timidité est toujours là. Je vais d'ailleurs essayer de consulter pour cela en espérant que cela puisse m'aider.
Je suis sorti de la dépression car j'ai enlevé l'obsession d'avoir une petite amie de ma tête. Des évenements de ma vie m'ont fait comprendre que je devais mettre une croix dessus, cela m'attriste beaucoup mais je ne peux rien y faire.
Je te souhaite bon courage et pense que le temps joue en ta faveur.
Giga
c'est une amélioration
J'ai essayé de t'écrire hier soir, mais j'ai eu des problèmes de réseau, et j'ai perdu mon message, je vais essayer de te le réécrire sans rien oublier.
En fait, c'est difficile de penser à ranger, nettoyer, organiser, toutes ces petites contingences de la vie quotidienne lorsqu'on est aux prises avec de douloureuses questions existentielles. Je suis de nature quelqu'un d'assez désordonné, alors ce n'est pas moi qui risque de te reprocher quoi que ce soit ! J'essaie tout de même de m'y contraindre un peu, car j'ai tout de même remarqué que de vivre dans un environnement plus ordonné et plus esthétique pouvait aussi m'aider à avoir les pensées plus claires. Et puis l'environnement quotidien, c'est important pour le moral aussi.
Alors si je comprends bien, tu consultes un psychiatre et une psychothérapeute ? Je pense que le psychiatre a une approche assez "médicale" de ce que tu vis, il s'attache surtout aux symptômes. C'est vrai que certains sont un peu du genre paternaliste, un copain qui en voit un m'a dit la même chose. C'est ta psychothérapeute qui t'apporte l'écoute et la compréhension dont tu as besoin, d'après ce que tu m'as dit, elle est douée de beaucoup d'empathie. C'est parfait si tu te sens en confiance avec elle. Ta souffrance la touche, mais pour que ta thérapie avance bien, il faut tout de même la lui exprimer, son métier lui permet sûrement d'être prête à l'entendre.
Les médicaments tous les jours c'est plutôt chiant, c'est vrai. Je suis sous antidépresseurs, et je ne garantis pas la stricte observance de mon traitement non plus ! Parfois j'oublie de le prendre, je l'avoue. Mais je sais que j'ai tort, je pourrais rechuter.
Il y a sans doute une raison ancienne à ton hypersensibilité aux critiques et à ton manque d'estime de toi. Lorsque tu étais enfant, tes parents te critiquaint-ils souvent ? Avaient-ils tendance à mettre la barre très haut, et exigeaient-ils que tu sois "à la hauteur" ? Etaient-ils étouffants ou t'empêchaient-ils de prendre des initiatives ? Y avait-il une partie de ta personnalité qu'ils n'aimaient pas et qu'ils auraient voulu changer ? Je te pose ces questions car j'ai grandi ainsi, et que cela a provoqué chez moi un peu les mêmes symptômes, avec en plus des échecs à répétition et une personnalité à tendance évitante.
J'ai 27 ans aussi, et je vis chez mon père. J'ai peu d'amis (un seul, à vrai dire) et pas de copain depuis 7 ans. Je n'ai jamais eu de succès auprès des hommes : trop bizarre, trop instable, trop compliquée...
Si tu sors un peu, c'est très bien, c'est ce qu'il faut. Mais ne force pas, respecte ton rythme si tu le peux. Essaie de te faire plaisir, de faire des choses que tu aimes (ce peut être de petites choses), de contempler ce que tu trouves beau (aimes-tu la nature, l'art ? ce peut être source de satisfactions).
Pour ton entourage, c'est difficile de comprendre ce que tu ressens, ils te voient malheureuse et se sentent impuissants. Lorsque tu parles de suicide, ces paroles doivent sans doute les effrayer : ils se sentent peut-être coupable de ne pas parvenir à te rendre assez heureuse pour que tu aies envie de vivre ? C'est difficile pour eux de savoir comment réagir. Si tu éprouves vraiment des envies suicidaires, il vaudrait mieux en parler à ton psychiatre, il saura que dire et que faire.
Je suis heureuse que tu ailles mieux. Accroche-toi !!
Marina (alias Cléophée)
pom
j'espère que toi, ca va.
éclaircie
ce soir, ça va mieux. merci pour ton message.
je laisse tout aller: mon appart, c'est le bordel; dur de se secouer pour les choses les plus pénibles, comme ranger l'appart ou faire la vaisselle; mon psychiatre m'a dit qu'il fallait secouer ça. je me sens comme une coquille de noix sur l'océan. des fois ça prend l'eau, des fois la mer est calme. en tout cas c'est bien fragile. je t'ai pas retranscrit les paroles exactes de mon psy, bien sur; seulement il me voit mal dans ma peau, il essaye de me faire comprendre ce qui va pas et moi j'interprète ça mal. hier, je l'ai trouvé paternaliste, et ca m'a agacée. c'est de ma faute si mon antidépresseur marche pas, parce que je respecte pas la prescription. c'est tellement usant de devoir prendre des médoc. je t'en prie, va pas me faire la morale ;o) j'avais l'impression de pas en avoir besoin, je me suis plantée, c'est tout. je résiste mal aux agressions du monde extérieur, et j'ai pas beaucoup de sujet de joie en ce moment, alors je rumine ce qui va pas, et c'est un cercle vicieux. j'en voit le bout, de cette dépression, mais elle me tue. il y a des hauts, il y a des bas, et cela m'affecte. j'ai pris une semaine de congés chez ma tante, et j'ai eu l'impression de la déranger, mes vac' n'ont pas été aussi super que je l'aurais souhaité, mais j'ai vu ma soeur et ses deux bouts de chou, et ca, ca m'a fait drôlement plaisir. hier, j'ai passé la soirée au téléphone, et je me suis concocté quelques soirées sympa; sortir de ce trou...
j'ai l'impression que tout le monde a toujours quelque chose à me reprocher, et je n'arrive pas à surmonter cela. j'arrive pas à me présenter sous mon visage le plus agréable, à faire valoir ce que je vaux, surtout à mes propres yeux. c'est vrai, jre me dévalorise sans arrêt, je vis toutes les petites critiques colmme autant d'agressions; je n'entends pas beaucoup de compliments. c'est dur.
lorsque je me sens bien dans ma peau, j'essaye de le dire, mais on ne me crois pas; et quand je suis au fond du gouffre, j'ai l'impression de déranger si je parle. tu as remarqué ca, toi aussi: il y a très peu de gens qui ont une bonne écoute; tu veux dire ta souffrance, et ils te donnent des conseils pour que tu ne souffres plus, ils te disent ce qu'ils feraient à ta place, mais ils n'y sont pas; ils font parfois plus de mal que de bien. il y a très peu de gens qui soient capables de t'écouter si tu leur dis "j'ai envie de me suicider", la plupart des gens ferment leurs oeillères. il faut avoir vécu la dépression pour comprendre ce que c'est. ma psychothérapeute est de ceux-là, elle est capable de m'écouter; je sens bien qu'elle souffre si je lui dit que j'ai envie de me suicider, elle se tort les mains, fait des grimaces, involontairement, mais elle me laisse parler, elle ne me dit pas: "faites ceci, faites cela". j'ai envie de la voir sourire, alors je lui parle de quelque chose d'heureux, et je me sens mieux. je n'ai aucun complexe avec elle. pour mon psychiatre, je sais pas. je ne le vois pas depuis assez longtemps. il m'écoute, et il me donne des conseils pour que cela aille mieux, et ils semblent être d'une telle évidence que je me sens stupide. mais je n'arrive pas à les appliquer. lorsque cela va mal, je me tourne vers mes parents, et ils ne peuvent pas m'aider; je ne sait pas vers qui d'autre je peux me tourner, mais il faudrait que je cherche. ils veulent diriger ma vie à ma place. j'ai pas de p'tit copain, et ca me gène; des fois je me dis que ce serait facile d'en trouver un, des fois ca me parait impossible. j'ai 27 ans, et ca fait 5 ans que je suis seule. quand je souris, j'ai du succès auprès des hommes, mais je ne souris pas souvent. j'ai l'impression de gâcher ma jeunesse. et puis, il n'y aurait pas toute cette solitude le soir. au boulot, y a que des femmes, je me sens pas vraiment admirée.
bon ciao. a bientot
seth
la dépression
SALUT SETH,
A vrai dire, je ne comprend pas trop la réaction de ton psy : après tout, c'est lui qui devrait te guider pour que tu puisses aller mieux. Te dit il pourquoi il trouve que "ce n'est pas terrible" ? Avec ton psy, il est important de te sentir en confiance. As-tu de bonnes relations avec lui ? Peux-tu tout lui dire ou ressens-tu une gêne, une appréhension ? Lui en veux-tu de ne pas être davantage à l'écoute ? Si ca bloque, dis-le lui : peut-être faudrait-il changer les modalités de la thérapie ?
Cela dépend aussi du genre de thérapie que tu as entrepris. Si c'est une thérapie analytique, les résultats peuvent être longs à se manifester. Je suis en thérapie depuis près de 5 ans, et les premières améliorations vraiment perceptibles ne se sont manifestées qu'au bout d'un an ou deux.
La priorité, ce serait de soigner ta dépression. Car en étant dépressive, tu ne peux pas vraiment vouloir quelque chose, avoir envie d'avancer. C'est une maladie qui vampirise toute ton énergie, la moindre action est épuisante, la moindre contrariété insupportable. Dans ce cas, l'entourage ne comprend pas toujours et a tendance à dire "secoue-toi" en ignorant que c'est impossible, qu'on est en panne de désirs, à bout de forces. Même les vacances, qui devraient être un moment de plaisir paraissent ternes, épuisantes. Il faudrait que ton psy te prescrive un antidépresseur qui te convienne, il y en a plusieurs classes et tous n'agissent pas sur tout le monde. Dis-lui que les médicaments que tu prends actuellement ne te font pas le bon effet. S'il s'agit d'un psychiatre, il pourra modifier ton traitement.
Ne te sens pas coupable parce que tu vas mal : tu n'as pas choisi cet état, tu le subis douloureusement. Il faut que quelqu'un t'aide à en sortir. Si tu veux, n'hésite pas à m'en dire plus.
Cléophée.
bah
sais pas. j'ai honte.
mes parents, y me disent que c'est ridicule fait des efforts.
je viens de partir en vacance et c'est pas terrible.
ma chef me gonfle, mon boulot me gonfle, mon appart me gonfle...
je vois un psy et y me dis c'est pas terrible.
tout le monde m'engueule tout le temps. j'ai pas de volonté, voilà.
je trouve que je suis un poids pour la société.. ca fait 7 ans que je prends des médoc, ca va pas mieux.
qu'est-ce qui te fait souffrir autant ?
Bonjour Seth,
Tu sembles subir une souffrance profonde et très intense, et tu as sans doute dû accumuler des choses très difficiles. Peux-tu exprimer ce qui te fait mal ? Tu dis que tu es nulle, ou plutôt que tu te trouves nulle. Sais-tu ce qui ne te plaît pas en toi, ce qui fait que tu te détestes au point de vouloir mourir ? As-tu subi une déception grave, un événement traumatisant ? Ce serait déjà positif si tu arrivais à verbaliser une partie de ce que tu vis ou as vécu.
Peux-tu compter sur ton entourage pour te comprendre, te soutenir ? Si tu le peux, ne reste pas seule dans cette épreuve. Peut-être devrais-tu voir quelqu'un pour te permettre d'évacuer cette souffrance et restaurer ton estime de toi-même ? Mais crois-moi, si jamais tu as subi des échecs ou s'il y a certaines choses qui te déplaisent en toi, cela ne signifie pas que tu es nulle. Nous faisons tous des erreurs. Notre valeur personnelle ne se mesure pas forcément à la somme de nos réalisations. Peut-être as-tu placé la barre trop haut ?
Essaie de ne pas garder en toi toute cette douleur qui te dévore et obscurcit ta vie.
N'hésite pas à en parler...
Cléophée.