J'écris ce long message afin d'extérioriser le trop plein de sentiments accumulés suite à la perte d'une amie très chère (par ma faute, il faut l'avouer) il y a déjà plus de 3 ans. Peut-être ainsi vais-je réussir à en faire le deuil une fois pour toute (sans pour autant me déculpabiliser). Notez bien que sans le couvert de l'anonymat, la honte de mes agissements m'empêcherait d'écrire ces lignes.
Avant tout, une mise en situation s'impose. Je suis un (plus très) jeune homme de 35 ans. Certains diront avec raison qu'à cet âge-là, on a déjà acquis un bon bagage d'expériences amoureuses mais dans mon cas, il n'en est rien; n'ayant jamais connu l'amour, je suis pratiquement un adolescent dans mes relations avec les femmes...
En fait, la seule femme qui m'ait réellement fait vibrer, je l'ai connue pendant mes études universitaires. Elle était un peu plus jeune que moi, déjà fiancée (ou sur le point de l'être). Je la trouvais attirante mais sans plus. Au fil des années (8 ans), une amitié s'est développée lentement jusqu'à devenir très forte, voire intime. Le hic, c'est qu'au fil de ces mêmes années se développait en moi en parallèle un sentiment amoureux très intense pour elle. À un point tel qu'un jour (quelques mois avant la "rupture") je lui ai avoué que je l'aimais. Elle m'a dit qu'elle s'en doutait et que cela n'affectait en rien notre belle amitié si j'étais capable de composer avec ce sentiment pour elle. Vous ai-je mentionné qu'elle était mariée (avec son fiancé de l'époque) et qu'elle avait eu un enfant de cette union? Bref, compte tenu du fait qu'elle aimait son mari, je savais que cet amour n'était pas réciproque et elle me l'a bien fait comprendre. Je respectais cela et j'ai cru être capable de bien assumer la décision de le lui avouer...
...Je me suis trompé! M'arrogeant le droit de devenir jaloux de ses autres amis et de la critiquer pour des broutilles, j'ai transformé ce qui s'avérait une belle amitié en supplices et tortures pour elle. Je me fâchais pour des riens, l'ayant même insultée par e-mail une couple de fois (parce que trop lâche pour le faire en direct) quand je croyais que son amitié était feinte et que ses sentiments pour moi superficiels. Bref, mes conneries ont sapé toute la joie et toute la confiance que notre amitié lui procurait, tant et si bien qu'au bout de 6 mois après lui avoir révélé mon amour pour elle, elle prit la décision qu'il valait mieux pour nous que notre "belle" relation se termine et que je la sorte de ma vie.
Le pire est à venir... Puisque nous avions le même cercle d'amis, il était fréquent que l'on ait encore à se voir. Cependant, il m'était très pénible de la sentir m'ignorer et me parler "innocement" de la pluie et du beau temps comme si nous n'avions toujours été que des copains, sans plus. À partir de ce moment, j'ai voulu la détester. Les quelques messages électroniques que je lui ai envoyés par la suite à l'occasion pendant quelques mois ne contenaient pas juste quelques insultes vides et insipides mais jouaient sur les confidences qu'elle m'avait faites pendant notre amitié...des choses qu'elle n'avait dites à personne avant. Elle s'était rendue vulnérable mais puisqu'elle me faisait confiance...
Je crois que c'est la pire des lâchetés que de se servir des confidences d'une personne comme arme contre elle. Malgré ces messages très peu édifiants de ma part, elle faisait comme si rien ne se passait. Croyant (probablement avec raison) qu'elle ne les lisait pas et n'étant plus capable de sentir son manque de réaction, j'ai poussé l'audace jusqu'à lui écrire sur papier cette fois que je lui ferais payer le mal qu'elle m'a fait...
Comme idiotie, c'était difficile à battre. C'était une menace "vide" et tout ce qu'elle voulait signifier, c'était que je souffrais mais pas elle et que je trouvais ça injuste. Jamais je n'avais pensé à la menace de violence physique et n'imaginais pas que mon message puisse être interprété comme tel. Elle a bel et bien réagi cette fois-là. Un autre message comme celui-là et elle appelait la police... J'ai su par tierce personne qu'elle a été extrêmement nerveuse pendant les jours qui ont suivi et qu'elle s'arrangeait pour ne jamais être seule dans un endroit. Je ne lui ai jamais plus écrit par la suite...
Ça fait maintenant plus de deux ans que je ne l'ai pas vue. Je sais qu'elle n'est plus avec son mari... Je ne sais pas ce qu'elle fait, où elle est, et ne veux pas le savoir car je lui ai déjà fait trop de mal.
Je ne crois pas qu'elle me pardonnera un jour toute cette violence verbale... cet enfer que je lui ai fait vivre. De toute façon, quoi qu'il en soit, moi je ne me pardonnerai pas ce que je lui ai fait. Je plaide coupable... extrêmement coupable! Je n'ai aucune excuse pour mes actes. Je ne veux pas jouer le rôle de la victime et dire que j'ai eu tel ou tel problème dans mon enfance, etc. Je l'ai fait consciemment à l'époque pour me venger d'une situation que (je le sais maintenant) j'avais moi- même créée. Aujourd'hui, je sais que j'ai eu tort... je sais que j'ai fait du mal, beaucoup de mal. Je ne veux plus reproduire ce scénario avec une autre femme. J'ai donc très peur de m'attacher. J'ai toujours l'impression que ça ne pourra que se terminer de la même façon...
En conclusion, j'ai toujours été d'un tempérament colérique mais je croyais être quelqu'un de bien dans le fond. Jamais je n'aurais imaginé que tant de bassesse pouvait émaner de moi. Est-ce à la "portée" de tout le monde ce genre de comportement? J'ai l'impression d'être un monstre...
P.S.: J'aurais pu envoyer ce message dans la section "témoignage" mais je ne voulais pas vous priver du droit de vous défouler sur moi.