L'année passée, j'apprenais de sa bouche qu'elle m'avait menti pendant cinq ans et qu'elle avait eu épisodiquement des relations sexuelles sans lendemain avec d'autres. Elle ne gérait plus ses mensonges, sa vie semblait déraper, lui échapper. Depuis nous avons établi une règle de sincérité... et rien de tel ne s'est reproduit.
Ces derniers jours, j'ai été obligé de m'absenter pendant plusieurs jours. C'est en rentrant que je me suis rendu compte à quel point ma confiance en elle était entamée. Le soir ou je suis rentré, ma fatigue extreme du voyage n'a pourtant pas réussi à me faire dormir; pendant la nuit j'ai fouillé les poubelles, inspecté tous les lieux, les moindres recoins à la recherche d'une vérification, d'une confirmation, d'une infirmation, d'une vérité.
Elle s'est rendue compte de mon obsession alors que dès mon arrivée, elle avait tenté de me rassurer, de me dire que je n'avais aucune raison de soupconner quoi que ce soit, que tout cela c'était, désormais, du passé.
Mais j'ai eu trop peur qu'elle ne me dupe comme elle l'avait parfois fait et ce pendant longtemps. Le pire c'est qu'au fond, plus je tourne en rond, plus je trouve toute une série d'indice que je lie de manière irrationnelle... Parfois il me faut plusieurs heures pour revenir à la réalité, me dire par exemple, qu'effectivement je n'avais absolument aucune idée du nombre de capotes qui pouvait se trouver dans la boite avant mon départ, que de toute manière ce n'est pas un critère, et puis surtout que ce qui avait attisé mes soupçons (le déplacement de la boite du coté droit de l'armoire à son coté gauche) n'avait aucun fondement. Torturé par ce doute, je me vois lui poser la question à laquelle elle me réponds sans hésiter puisqu'elle a nettoyé, déplacé certains objets, que tout cela est naturel... Je la vois aussi blessée du manque de confiance que je lui porte, blessée de toute la douleur et la folie paranoïaque qui m'habite encore. Nous connaissons ces schémas. Mais il suffit parfois d'un mot, d'un objet pour que mon esprit bascule à nouveau pendant plusieurs heures, en proie au doute. Je me découvre alors machiavélique et tordu. Sale aussi. C'est contre ma nature de penser en terme d'observation, de police... Je fonde mes relations sur la confiance, la complicité, la sincérité. Mais trouver la bonne voie du discours, trouver les mots et les actes qui peuvent rétablir la confiance, reste une énigme quotidienne.
A force de vouloir la vérité, de ne plus vouloir qu'on me trompe, je me trompe encore plus lourdement.
Merci d'avoir lu. Je respire plus calmement quand je livre ces constats attristés. Commentez sans vous gener.