Bonjour à tous,
Je suis inscrite depuis quelques temps maintenant sur Psychomédia, mais voilà, je n'ai jamais osé poster de message. Aujourd'hui, je prends mon courage à deux mains, et je m'y mets enfin...
Commençons par le commencement.
Depuis que je suis gosse, j'ai toujours été réservée. L'on disait de moi que j'étais "sage comme une image", "jolie comme un coeur", mais quand même "très timide"... J'ai grandi dans l'amour au sein de ma famille, celle qui "me protégeait". Malgré une situation financière très difficile pour mes parents, j'ai eu une enfance très heureuse auprès d'eux et de mon frère... Petite fille (et même ado d'ailleurs), mes parents ne pouvaient pas se permettre de m'offrir des "marques", LA chose qu'ils pouvaient m'offrir cependant c'était LEUR AMOUR, LEUR CONFIANCE, LEUR TOLERANCE, LEUR HONNETETE, LEUR GENEROSITE, j'en passe et des meilleurs, et je me rendais déjà compte à l'époque, de la chance que j'avais... cela n'avait aucun prix. Aucune "marque" ne pouvait remplacer ces valeurs là... qui se font extrêmement rares de nos jours. S'il y a donc quelque chose ou quelqu'un dont je suis fière, c'est bien de mes parents, de mon frère et évidemment de mon éducation.
Cependant, tout au long de mon enfance et surtout de mon adolescence, mes soi-disant "amies" ne l'ont jamais été, ont toujours profité de moi, de ma "faiblesse de caractère", de mon "anormalité" (dans le sens où, j'étais jolie MAIS mon intellect, ma réserve et mes valeurs ne collaient pas à mon image, il fallait que je sois plus "rebelle", plus "dure", plus "malhonnête", moins "intello", moins "coincée"...
Subir ces moqueries, a été un sérieux "BOURRAGE de crâne" je dois dire. Cela n'a fait que m'enfoncer... A croire que j'étais MASO, j'ai toujours eu des "amies" qui me détruisaient...
C'est un de mes précédents psy (oui j'en ai eu plusieurs) qui m'a un jour fait prendre conscience d'où aurait pu venir mon "trouble" qui s'est aujourd'hui aggravé... Lors d'un rendez-vous, il m'a demandé d'essayer de me souvenir de moments douloureux passés dans mon enfance... J'étais un peu perplexe, je ne voyais aucun moment douloureux... (forcément j'avais des parents aimants !!!) inconsciemment, je faisait abstraction de cet "asservissement entre amis" à l'école.
Je ne me suis rappelée que récemment, grâce à ce psy, d'un moment douloureux passé, parmi tant d'autres !, auprès de ma "meilleure amie" à l'école : un jour, j'ai eu le malheur de marcher sur son pied, et la "garce" m'a rétorqué : "tu essuies !!" comme je disais, faut croire que j'étais MASO car avec le revers de ma manche j'ai essuyé sa chaussure... :(
en y repensant, je suis en larmes... car un petit moment comme celui là n'a l'air de rien comme ça, mais quand un petit moment de ce genre se produit et se reproduit "x fois" tout au long de l'enfance... ça ne laisse pas sans séquelles... on perd toute estime de soi... mais évidemment, à l'époque, je ne m'en rendais pas compte... Je ne me suis pas non plus rendue compte qu'en grandissant, j'avais systématiquement peur de ce que "les gens" pensaient de moi (un inconnu, un prof, une copine, un oncle, et même mes propres parents...)
Ma mère n'est pas non plus d'une nature "très expansive", elle n'est pas timide, mais pas extravertie non plus ;), et quand je repense à mon enfance, je me rappelle de son souci de plaire et/ou de ne pas déplaire aux gens en général, aux voisins ("ne faites pas trop de bruit les enfants !!), etc, son souci de passer inaperçue ("ferme les volets ma puce stp, on se donne en spectacle là !!") Ces petits traits de sa personnalité n'étaient pas très accentués, mais étaient tout de même présents.
Mon père de son côté, a souffert de Paranoïa tout au long de sa vie. Je tiens à préciser que je ne pense pas qu'on puisse avoir un meilleur PAPA que lui (tout comme ma maman d'ailleurs :wink:) , "papa poule" qui aime sa femme et ses enfants, qui a toujours câliné, aidé au devoirs, toujours été présent, toujours soucieux du bien être de sa famille, mais traînant cette horrible maladie qu'est la PARANOIA (au passage, trop de gens emploient le terme "parano" à tort et à travers... c'est une réelle maladie)
Cette paranoïa a crée au sein du foyer une certaine méfiance et inquiétude vis à vis du monde extérieur... Je réentends mon père me dire : "bon et si quelqu'un te propose un verre déjà servi, tu refuses, on ne sait jamais ce qu'il a pû mettre dedans..." ce qui est malheureux dans tout ça, c'est que mon père m'a toujours dit ce genre de choses afin de me protéger des inconnus, de l'inconnu en général, du monde extérieur... quand je sortais l'après-midi, je devais revenir toutes les demi heures pour "montrer signe de vie" en quelque sorte... Voilà pour le climat familial.
Ce n'est qu'il y a 4 ou 5 ans, que je me suis rendue compte, que tout au long de mon parcours scolaire, du début à la fin, je me rendais malade quand j'allais en cours le matin... A l'époque, je pensais que tout le monde avait envie de vomir avant de partir pour l'école... J'ai toujours été terrorisée face aux exposés oraux, aux interrogations orales en classe, aux exercices de sports pratiqués devant les camarades... mais le pire de tout, je ne me rendais pas compte que le simple fait d'adresser la parole a quelqu'un devenait de plus en plus pénible pour moi... J'ai par contre, toujours su au fond de moi, que quelque chose n'allait pas... en m'endormant le soir, je pleurais, j'avais peur, mais peur de quoi... en pensant à mon avenir, j'avais encore plus peur... mais n'avais aucune explication...
puis en 2000, mon père qui m'aimait tant et que j'aimais tant est décédé. Je crois que son décès a été un des facteurs déclenchant ou aggravant de ma phobie sociale... Je pense avoir occulté (pour refuser ?) son décès pendant 2 ans, terminant mes études qui m'occupaient à plein temps jusqu'au Bac. Ah le Bac... parlons-en... Faut croire que là aussi j'étais MASO, j'avais pris la bonne section... Section STT en ACA (Action et Communication Administrative)... Je n'ai eu pratiquement que des oraux aux Bac... Un vrai supplice pour moi... Il fallait absolument que j'ai le bac en poche, je ne me voyais pas repasser tous ces oraux l'année suivante. Petite précision également, durant toute mon année de Terminale, j'ai été terrorisée par ma prof principale, que je voyais quasiment tous les jours. C'était "le diable personnifié" elle terrorisait toutes les filles de la classe, interrogeant tous les jours quelqu'un au hasard "alors... qui allons nous intérroger ce matin ?..." ("pitié pas moi", j'avais beau connaître les leçons par coeur, je "flippais à mort" d'être intérrogée. Et puis, si toutes mes camarades avaient la boule au ventre le matin, vous vous doutez bien de l'état dans lequel j'étais moi...
J'ai eu, fort heureusement pour moi, mon Bac du premier coup...
Mais les choses n'ont pas été si roses par la suite...
L'année suivante, je suis entrée en Fac. Au moment de la rentrée, j'allais à peu près bien... j'étais tout le temps angoissée mais ça allait... puis un jour, un professeur nous a parlé d'exposés oraux à faire tout au long de l'année... et là... je ne saurais l'expliquer... j'ai eu comme un déclic, tout d'un coup... "c'est fini, à la fin du cours, je sors d'ici, et je ne reviendrai plus"
Je crois en fait avoir assez donné pendant pas mal de temps, et là c'était le coup de grâce...
J'ai stoppé la Fac, je suis allée voir une Psychiatre en lui disant de but en blanc : "je ne sais pas par où commencer..." (...) "je ne comprends pas ce qui m'arrive, j'ai peur des gens, du regard des gens sur moi, de ce qu'ils pensent de moi... et ce, constamment" (...) "j'ai toujours été timide, mais là, ça prend des proportions énormes..." (...)
Elle m'a posé d'autres questions auxquelles j'ai répondu... et elle m'a dit : "Vous n'êtes pas timide je vous assure, vous avez un trouble que l'on appelle Phobie Sociale."
Depuis ce jour, j'ai vu "x psy", pris "x traitements anti-dépresseurs", et à ce jour, je ne vois plus personne (hormis ma famille proche), ne sors plus du tout de chez moi seule (même pas pour le courrier), n'arrive même plus à répondre au téléphone, etc, etc. En l'espace de 3, 4 ans, ma vie a complètement basculé... Je vis avec mon ami, je ne le remercierai jamais assez de l'amour et du soutien qu'il m'apporte, c'est si difficile de vivre auprès d'un(e) phobique sociale dépressive chronique (et je suis très loin d'exagérer). J'avoue avoir peur de le perdre à cause de ce FOUTU TROUBLE qui me gâche l'existence. J'arrive bientôt sur mes 22 ans et devrais croquer la vie à pleines dents, ce n'est pas le cas du tout. J'envie les femmes de mon âge, qui ont une vie sociale et professionnelle épanouie... Et quand j'entends "on n'a pas tous les jours 20 ans..." je m'effondre... Quand j'entends "quand on veut, on peut", je m'effondre de plus belle... Quand on me demande "Quand est-ce que tu passes ton permis ?" ça me tord les tripes franchement. J'aimerais plus que tout être indépendante, être une femme accomplie.
(Désolée je suis peut-être un peu confuse dans mes propos, mais au moment où je vous parle, je suis littéralement en larmes... je me dis que c'est pas possible d'en arriver là...) et ce qui s'ajoute à tout ça, et qui est aussi très pénible à vivre, c'est l'incompréhension de ma belle-famille. Ma belle-mère a lancé une polémique comme quoi mon ami voulait se suicider par ma faute ! Quelle horreur ma parole ! Quand j'ai appris cela, j'en ai aussitôt parlé à mon ami, j'étais en pleurs, ne comprenant pas pourquoi il ne m'en avait pas parlé, mais surtout pourquoi je ne m'étais pas rendue compte de son état à lui. Il m'a rassurée en me disant que c'était n'importe quoi. Il a eu le malheur de discuter avec une autre pers de la famille à propos de moi, disant "elle m'inquiète, j'ai bien peur qu'elle pense au suicide"... et cette personne mal-intentionnée a déformé tous les propos de mon ami... J'ai honte de ma situation, de mon trouble... et je ne sais plus comment en parler à ma belle famille... pour qu'ils comprennent mon problème... on me pense "naïve", "profiteuse"... j'entends des horreurs à mon sujet... je ne sais plus quoi faire... plus quoi penser... j'avoue que je n'avais pas besoin de ça non plus...
Il faut que je fasse une pause pour le moment, je crois que j'accuse le coup là... Excusez-moi d'avance.