Je me suis toujours considéré comme une excentrique, mais il semblerait que, sur ce point, je ne déroge aucunement à la norme. Je souffre d'un des problèmes les plus communs dans ce domaine: ma blonde m'a laissé et j'arrive pas à oublier.
Je vous avertis tout de suite, ce message va être long. Par long, je veux dire TRÈS long. Je n'ai plus rien d'autre à faire de ma triste existence que de me pencher sur mon problème et je n'ai donc aucunement l'intention de me priver le plaisir de retourner le fer dans la plaie en l'exposant en long et en large, sans omettre aucun détail, puisque, de toute évidence, j'adore me faire moi-même souffrir en retournant tout ça dans ma tête.
Pour ceux qui ne veulent pas tout lire (je vous comprends parfaitement), voici un très court résumé. Ma copine m'a laissé, je suis encore amoureux, et j'ai aujourd'hui, après un mois de rupture, pleuré comme un bébé à cause de cela pendant un exament d'histoire de la littérature. Dépression, bobo, chagrin, pas capable de passer par-dessus tout ça, etc.
On va commencer par un bref survol de la situation. Je viens d'avoir dix-huit ans, j'étudie en art et littérature au Québec. Bon, je vous entends déjà dire: "Il a que dix-huit ans, il connaît rien à l'amour" et autres trucs de ce genre. Peut-être que vous avez raison, peut-être (plus probable) que non. Ça ne change rien au fait que ma vie est un calvaire ces jours-ci. Donc, je vais continuer avant qu'on ne saute tout de suite au diagnostic de l'inexpérience, d'accord? J'ai rencontré mon ex dans un de mes cours et, sans dire que ça a été le coup de foudre, chose en laquelle je ne crois pas, je dois dire que mon attirance pour elle s'est développée à un rythme assez impressionnant. J’ai, au cours des deux ou trois mois qu’ont duré l’opération : séduction, manifesté par plusieurs façons mon intérêt, mais de façon généralement assez détournées, étant très timide de nature. Finalement, c’est elle qui a fait le premier pas… le premier vrai grand pas, du moins… en m’invitant au cinéma. Le reste, je vous laisse le deviner.
Bien que j’ais négligé mon devoir de mâle alpha en la laissant faire les premiers pas (je rigole, je suis pas vraiment sexiste), je considère que j’ai vraiment fait tout ce qui était en mon pouvoir pour la rendre heureuse. Je l’aimais, et, si j’en croyais ses dires, c’était réciproque. Et elle semblait très sincère, bien que je commence à me demander si elle n’était pas tout simplement une excellente menteuse. Ça allait à merveille, on s’entendait bien sur tout, et sauf quelques petits problèmes que j’imputerai à l’inexpérience, ça allait même très bien au lit. Rien ne pouvait laisser présager que, du jour au lendemain, elle allait me laisser tomber sans arrière-pensée et sans aucun signe précurseur qui m’aurait permis de prévoir la catastrophe.
Lors de la rupture, elle a tenté de m’exposer la raison de sa décision. Ça ressemblait à ça : « Le problème, c’est pas toi, c’est moi. Je suis jamais capable d’entretenir une relation durable [nda : Normal, t’as sorti qu’avec des imbéciles, moi y compris]. Ça marchait tout simplement plus. Je sais pas c’est quoi le problème. Je me voyais pas passer ma vie avec toi [nda : Je l’ai quand même pas demandée en mariage]. Il y a certaines choses que tu faisais qui devenaient énervantes à la longue. Redevenons amis. »
Interprétation : Ce n’est qu’un bref résumé de ses explications. J’ai confiance en mes talents d’analyse et je ne voyais là-dedans aucune cohésion, seulement un paquet de contradiction. Verdict final : elle était plus capable de me supporter mais elle voulait pas me blesser en me le disant directement.
J’ai par la suite fait de mon mieux pour redevenir amis, comme elle le voulait. Pas que j’avais vraiment le choix, on se partageait le même groupe d’amis. Ça a vraiment pas été facile de passer par-dessus la tristesse, la honte, l’humiliation et autres sentiments méchants pas beaux qui font pleurer le petit Jésus, mais j’ai fini par y arriver. Je dois même dire que, au final, j’étais content d’être redevenu son ami. Trop content. Content comme au début de l’année, quand je tentais de me rapprocher d’elle. Oups. Retour à la case départ, ne passez pas Go, ne récoltez pas 200$.
J’ai bien essayé de chasser cette idée mais je n’y parvenais pas. Je sais très bien que si ça n’a pas fonctionné une fois, ça ne pourra jamais fonctionner. Ma situation devenait de plus en plus invivable alors que j’étais déchiré entre mon désir de retourner avec elle et le simple bon sens qui m’indiquait que c’était probablement la pire des idées que j’ai jamais eues (et Dieu sait que, question mauvaises idées, j’ai donné plus souvent qu’à mon tour). Finalement, j’ai décidé d’en parler à une de nos très bonnes amies communes qui, je le savais, était au courant de toute la situation pour avoir été la confidente de mon ex pendant toute cette histoire. Elle m’a expliqué que la faute ne venait pas de moi, que c’est elle qui n’était pas prête pour une relation sérieuse et qui a quelque peu paniqué, et que j’avais tort de me dire que je n’étais pas assez bien pour elle. Sur ce dernier point, je conserve mon point de vue initial. Oui, je suis dur envers moi-même, mais vous ne connaissez pas mon ex. Elle mérite vraiment mieux que ça. Enfin, pour revenir à ma discussion avec notre amie commune, elle m’a finalement dit LA phrase qu’il ne fallait pas dire : « Tu sais, je ne serais pas du tout surprise que vous recommenciez à sortir ensemble dans un proche avenir. » Merci beaucoup. Vraiment, ça m’aide à l’oublier. Dire ça à un gars amoureux, c’est comme emmener un alcoolique en sevrage dans un bar. Inutile de dire que ça n’a pas aidé ma situation, même si je savais pertinemment que ce que mon amie m’avait dit était tout simplement impossible.
Mais bon, je survivais quand même, jusqu’à hier. Ça faisait un mois environ qu’on avait rompu. Elle et deux de mes amies participaient à un concours pour auteurs, compositeurs et interprètes. Les trois se préparaient pour le spectacle. Celle à qui je m’étais confiée et qui m’avait dit la phrase fatidique travaillait sur les cheveux de mon ex, qui, soit dit en passant, était magnifique ce soir là… comme à son habitude. Une fois le travail terminée, elles me demandent ce que j’en pense. J’ai fait la gaffe d’être honnête. Je lui ai dit à quel point elle était belle. J’aurais pu dire la même chose à n’importe laquelle des deux autres sans aucune gêne, mais, d’une certaine façon, de le dire à elle était très lourd de signification. Enfin, le compliment lui a fait plaisir et… oh mon Dieu, le sourire. Je sais que c’est probablement une des phrases les plus stéréotypées de tous les temps mais elle a sans doute le plus beau sourire que j’ai jamais vu. J’étais incroyablement mal à l’aise et j’ai profité de ce moment pour aller dîner. Cette soirée m’a fait prendre conscience de la gravité de ma situation. J’ai vraiment quelque chose qui ne tourne pas rond dans ma tête pour m’accrocher pendant un mois à une relation qui n’en a duré que deux.
J’ai réfléchi à tout cela. J’ai eu du mal à dormir. Ce matin, j’en ai reparlé à ma confidente post-rupture, celle dont les conseils m’avaient été si peu profitables. Rien de notable dans cet entretien, sauf qu’elle m’a parlé de dépendance affective, ce qui pourrait être un diagnostic probable. Mais ça a dégénéré plus tard. Je me suis mis à pleurer comme une fillette. Cela devait bien faire six ans que je n’avais pas pleuré comme ça. Et pas n’importe où d’ailleurs. En classe. Pendant un examen sur la Révolution Française et les courants littéraires du 17e au 19e siècle. Bon, d’accord, les inégalités sociales en France ne me laisse pas indifférent, mais je crois pouvoir affirmer avec certitude que ce n’était pas la cause de mon état. J’ai dû remettre l’examen au professeur à demi complété, ce qui risque d’avoir un mauvais effet sur ma moyenne qui était jusque là la meilleure de la classe (pas que je m’en soucie, au point où je suis rendu). Je n’ai pas réussi à fermer les valves pendant deux heures de temps. Si vous voulez un autre surnom pour moi, que diriez-vous de Pathétique? Ça me va comme un gant, non? Mon ex ne m’a pas vu dans cet état, Dieu merci. Pas que j’ai honte, seulement que j’ai peur de ce qu’elle penserait. Elle pourrait se sentir coupable par ma faute, ce que je ne lui souhaite pas et ce qui est également une des plus grandes raisons qui ont fait que je n’ai pas avalé tout le contenu de ma pharmacie l’autre soir après avoir bu trop de whisky. Ou encore, elle pourrait croire que c’est là une ruse pour la ramener à moi. Je ne la blâmerais pas de cette interprétation, son ex a déjà menacé de se suicider parce que sa vie ne voulait plus rien dire sans elle. Oui, elle a cet effet sur les membres du sexe opposé…
Bon, je crois que j’ai fait le tour du sujet. Maintenant, qu’est-ce que je fais? Tout d’abord, après ma crise d’aujourd’hui, je crois que je me tape une dépression. Ensuite, je ne sais pas comment faire pour me la sortir de la tête. Le temps n’y fait rien, le temps empire les choses. Est-ce que je devrais l’éviter autant que possible, arrêter de la voir? Cela signifierait, par la même occasion, abandonner mon ancien groupe d’ami. Est-ce que ma situation est assez désespérée pour que ça en vaille la peine? Vous avez des conseils? Des insultes? N’importe quoi? Pitié, un peu d’aide.
Voilà, c’est fait, j’expose tous mes problèmes en détail à de parfaits étrangers sur internet et je les supplie de m’aider. Je suis vraiment pathétique… vivre en ermite serait une bonne solution.