Le Comité consultatif national d'éthique (CCNE), dans un avis rendu public le 6 février, s'élève contre l'idée que présentait l'Inserm dans un rapport en 2005, qu'il pourrait exister un lien prédictif entre les troubles du comportement d'un très jeune enfant et le développement de conduites délinquantes lors de son adolescence. Le comité se prononce également contre la confusion des rôles entre la médecine et le judiciaire.
"Analysant l'expertise collective de l'Inserm, qui préconisait un dépistage systématique et précoce des enfants perturbateurs, le Comité estime que cette approche est "réductrice des comportements humains" et comporte un risque de "stigmatisation" et d'enfermement de l'enfant dans un comportement violent." (1)

Voyez au sujet de ce rapport:
Sensibilisation au "trouble des conduites" de l'enfant (France, sept 2005)

L'Inserm a déjà fait, en novembre passé, son mea culpa au sujet de cette expertise et de ses recommandations. Il a par la même occasion remis en question ses façons de travailler.

Voyez à ce sujet:
Troubles des conduites chez l'enfant, l'Inserm fait son mea culpa (France, nov 2006)

"Saisi le 6 avril 2006 par le collectif Pas de zéro de conduite pour les enfants de 3 ans, le Comité, présidé par le professeur Didier Sicard, relève que l'expertise de l'Inserm repose sur un postulat privilégiant l'inné (facteurs génétiques, prédispositions cérébrales...) aux dépens de l'acquis (facteurs environnementaux, culturels, familiaux...), dans l'explication des troubles du comportement."

(...) Au regard de ce risque de "stigmatisation précoce", le CCNE s'élève contre l'inscription dans un carnet de santé d'informations relatives au comportement des enfants. Il dénonce également la tentation de recourir aux médicaments psychotropes pour soigner ces troubles (...). ... le Comité met en garde contre les médicaments de type Ritaline administrés aux enfants hyperactifs, en rappelant qu'on ignore encore leur impact, à terme, sur le cerveau.

Insistant sur la nécessité de "développer la pédopsychiatrie", le CCNE recommande "la mise en oeuvre rapide de mesures de prévention validées" permettant un accompagnement des parents et enfants en situation de précarité. (1)

«La médecine, précise le rapport, doit d'abord considérer l'enfant comme un enfant en souffrance et en danger, qu'il faut accompagner, et non pas comme un enfant éventuellement dangereux, dont il faudrait protéger la société... Nous redisons notre opposition à une médecine qui serait utilisée pour protéger la société davantage que les personnes.»

"Dans ses recommandations finales, le comité revient sur un point particulier : la communication de données biologiques ou médicales à des représentants institutionnels, et plus généralement d'éventuelles exceptions aux règles du secret médical. «Nous y sommes opposés... Cela pourrait aboutir à stigmatiser des sujets à partir de critères dont le lien avec des comportements ultérieurs n'est pas établi.» Une position en désaccord frontale avec la loi de prévention de la délinquance de Nicolas Sarkozy, qui vient d'être adoptée en première lecture au Parlement." (2)

Voyez à ce sujet:
Projet de loi: Durcissement des mesures contre les mineurs délinquants (France, sept 2006)

Sources:
(1) Le Monde, 7 février 2007
(2) Libération, 7 février 2007

Voyez également concernant la définition des troubles selon le DSM IV:
Qu'est-ce que le trouble des conduites à l'enfance et à l'adolescence ?
Trouble oppositionnel avec provocation

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