Dans un article publié dans Les Échos (12 février 2010) deux professeurs, auteurs de livres sur le système scolaire, font part de leur analyse des causes de l'exclusion des milieux modestes des études supérieures. Exclusion que viserait à contrer la proposition d'une augmentation de la proportion des boursiers dans les universités; laquelle aurait pour conséquence une baisse de niveau de l'enseignement universitaire, avertissent certains.
Laurent Lafforgue est mathématicien, lauréat de la médaille Fields, coauteur de « La Débâcle de l’école, une tragédie incomprise »; Michel Segal est professeur de mathématiques en collège, auteur d’« Autopsie de l’école républicaine ».
Dans les quartiers difficiles, disent-ils, "les bons élèves sont laminés par les plus faibles, qui, submergés par leurs difficultés, font sans cesse reculer le niveau des attentes des enseignants, et tirent en arrière des classes entières, des établissements entiers. Mais c’est sur ceux-là que se règlent les programmes car le souci du ministère est d’obtenir coûte que coûte un certain taux de réussite au baccalauréat."
"Il y a quelques décennies, les bons élèves pauvres étaient entraînés à l’exigence et accédaient en bon nombre à des enseignements d’excellence qu’ils étaient parfaitement capables de suivre. Ils s’en voient aujourd’hui structurellement empêchés par le principe d’un enseignement unique pour tous : par nécessité, l‘exigence est alors bannie des programmes et interdite dans les pratiques de classe. Les élèves doués et travailleurs issus de milieux modestes, que nous voyons tous les jours dans les classes, n’auraient besoin, pour réussir selon leur mérite, ni de quotas ni de concours adaptés à leur origine sociale, mais seulement d‘un peu d‘ambition de la part de l‘école."
Comme si cela ne suffisait pas, pour enraciner le collège unique, le gouvernement vient d’en créer son prolongement : le lycée unique.
"Que des filières sélectives dès le collège représentent la seule chance de justice sociale, les gouvernements refusent obstinément de l’admettre", considèrent-ils.
"Nos princes ont beau jeu de s'indigner de l'idée que la mise en place de quotas ferait encore baisser le niveau des grandes écoles. Non seulement c'est une réalité, mais ils en sont les artisans."
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