Les femmes qui ont déjà vécu une dépression présentent une activité du cerveau qui est différente de celle des femmes n'en ayant jamais vécu quand elles sont critiquées par leur mère, selon une étude de l'Université Harvard publiée dans la revue Psychiatry Research: Neuroimaging.

Une recherche, mentionnons-le immédiatement, que nous considérons discutable du point de vue de l'éthique et choquante car elle intervenait dans les relations familiales des participantes.
Les participantes ayant déjà vécu une dépression rapportaient se sentir complètement bien et être complètement rétablies mais leur activité neuronale ressemblait plutôt à celle observée chez des personnes déprimées dans d'autres études.

Jill M. Hooley et ses collègues ont mené cette étude avec 23 femmes dont 12 n'avaient aucun antécédent de dépression et 11 rapportaient un ou plusieurs épisodes dépressifs, mais pas de symptômes depuis 20 mois en moyenne.

Alors que des images de leur activité cérébrale étaient prises au moyen d'un scanner (fMRI), les participantes écoutaient un enregistrement audio de remarques à leur propos de la part de leur mère. Certains commentaires étaient positifs, d'autres étaient négatifs et neutres. Les commentaires avaient été enregistrés au téléphone avec la permission de la mère. Les chercheurs se sont assurés que ces critiques n'étaient pas trop extrêmes et avaient déjà été exprimées aux participantes.

Bien que les participantes ayant des antécédents de dépression rapportaient des réactions conscientes similaires à celles des participantes sans antécédents, leur activité cérébrale était différente.

Alors que celles n'ayant pas d'antécédents de dépression présentaient une activité accrue dans des régions impliquées dans le contrôle cognitif des émotions (le cortex préfrontal dorsolatéral et le cortex cingulaire antérieur), celles qui avaient des antécédents ne présentaient pas d'activité accrue dans ces régions mais plutôt dans l'amygdale, une région responsable de la réponse émotive aux situations menaçantes. Des recherches précédentes avaient montré une activité similaire dans ces systèmes pendant la dépression.

Si ce type d'activité cérébrale précède la dépression ou s'il représente en quelque sorte une cicatrice cérébrale d'un épisode passé est encore inconnu.

Des recherches précédentes ont montré que vivre dans un environnement familial où il y a beaucoup de critiques augmente le taux de rechute en dépression. Ce qui pose d'autant plus la question de l'éthique de cette recherche à notre avis, bien que les chercheurs assurent avoir veillé à ce que toutes les participantes se sentent bien en quittant l'expérience.

Illustration: Point bleu: régions du cortex liées au contrôle des émotions; point vert: amygdale

Psychomédia avec source: Science Daily