Docteur en psychologie clinique au Centre Hospitalier d’Arles (France) Jean – Pierre ROYOL tenait, ce mercredi en Arles, une conférence passionnante sur le thème de l’Art-Thérapie. Ayant travaillé plus de quinze années auprès d’enfants psychotiques avant d’être nommé au Centre Hospitalier d’Arles en psychiatrie Adultes celui-ci est auteur d’une thèse dans laquelle il démontre les effets positifs de la création artistique sur l’évolution des enfants autistes. « Statut de l’objet et médiation artistique dans le travail avec des enfants psychotiques » (Université de Lyon) Cette manifestation intervenait comme point d’orgue à la visite d’une délégation de responsables d’associations italiennes oeuvrant en faveur des enfants handicapés.
Devant cette assemblée, particulièrement sensible à cette approche thérapeutique alternative, il indiquait d’emblée les enjeux thérapeutiques mais aussi philosophiques de l’Art-Thérapie :
« A l’heure où la violence et les forces de destruction prennent trop souvent le pas sur les forces créatrices et le lien social, l’Art-Thérapie est une option positive qui permet la mutation des instincts les plus violents en productions esthétiques. C’est tout ce travail de transformation de la matière qui aboutit progressivement à la transformation profonde des individus »
Répondant en termes très simples dans un langage tout à fait accessible aux nombreuses questions soulevées par les participants, Jean-Pierre ROYOL devait mettre l’accent sur les aspects écologiques de cette méthode :
« L’Art-Thérapie plonge ses racines dans ce que Michel Ledoux appelle : « Les souvenirs du corps » et ces souvenirs sont susceptibles de nous faire souffrir au même titre que la culpabilité, l’inhibition où la haine. L’expression de ces traces douloureuses les met à distance et provoque un soulagement , une gestion des tensions internes qui conduit à une forme de bien-être et d’enrichissement psychique. La création artistique constitue l’une des meilleures voies pour l’adaptation de l’homme à son environnement naturel et social. »
Répondant à la question d’un neuro psychiatre italien particulièrement intéressé par les applications possibles d’une telle méthode, Jean-Pierre Royol indiquait la multitude des indications propres à cette approche thérapeutique.
« L’Art-Thérapie n’est pas seulement efficace dans le champ de la psychiatrie infantile ou adulte, elle a démontré son efficacité en gérontologie , en pédiatrie, et dans de multiples secteurs . Actuellement, nos recherches sont particulièrement centrées sur ses aspects préventifs en ce qui concerne la violence physique ou psychologique et la déstructuration liée aux phénomènes psychosociaux. Sur le fond, elle invite tout sujet humain à ne plus subir mais à prendre ne mains son évolution psychologique »
Avant de conclure sur une note franchement optimiste, l’orateur insistait sur ce qu’il appelle : « le renouage toujours possible du lien social ».
« Quand le public admire les productions artistiques d’un patient ou d’une personne subissant l’exclusion du fait de son handicap social ou psychique , le regard se modifie et le statut change. Je suis de plus en plus convaincu du fait que la création artistique est un puissant remède contre les phénomènes de ségrégation et de rejet de la différence ».
A l’issue de cette conférence, une quarantaine d’enfants handicapés, soutenus par les animateurs italiens et les membres de l’association investissaient une grande salle voisine et confectionnaient une immense fresque multicolore. Soulignons que celle-ci représente des centaines de mains franchissant des montagnes. Message d’espoir s’il en est, cette création picturale d’une grande sensibilité, démontre qu’au delà des mots, les forces créatrices sont encore capables... de soulever des montagnes.