De plus en plus d'études suggèrent que le fer joue un rôle important dans la santé mentale et qu'une carence peut affecter les symptômes de dépression, d'anxiété et d'autres troubles de santé mentale.
« Le fer est la carence en nutriments la plus courante et peut avoir un impact important
», rappellent les auteures d'une synthèse des études portant sur les liens entre la carence en fer et la santé mentale, publiée en mars 2023 dans la revue Current Psychiatry.
Il est possible d'être déficient en fer sans souffrir d'anémie et une telle déficience est liée à une aggravation des symptômes, précisent les auteures, Stephanie Weinberg Levin et Theresa Gattari de l'Université du Michigan.
Outre son rôle bien connu dans le transport de l'oxygène par les globules rouges, le fer est impliqué dans la production des neurotransmetteurs sérotonine, dopamine et norépinéphrine (noradrénaline), tous importants pour la santé mentale.
Un lien entre la carence en fer et la santé mentale
Des études suggèrent un lien entre un faible taux de fer et les symptômes de la dépression, de l'anxiété et de la schizophrénie.
Des études menées auprès d'un grand nombre de personnes ont montré qu'un pourcentage plus élevé de celles souffrant de dépression déclaraient avoir des antécédents d'anémie ferriprive. Une vaste étude a montré des taux plus élevés de troubles anxieux, de dépression, de troubles du sommeil et de troubles psychotiques chez les personnes souffrant d'anémie ferriprive.
On sait également qu'un faible taux de fer est associé à la fatigue, qui est l'un des symptômes faisant partie des critères diagnostiques de la dépression.
Des études plus modestes menées auprès de personnes ayant vécu leur premier épisode de psychose suggèrent également un lien entre la gravité de leurs symptômes et des taux de fer plus faibles.
Les bénéfices d'une supplémentation en fer
Une analyse des données probantes réalisée en 2013 a montré que la supplémentation en fer était associée à une amélioration des symptômes de santé mentale dans trois études, et que d'autres études montraient des améliorations de la capacité de raisonnement.
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De nombreuses études menées auprès de personnes souffrant ou non de troubles mentaux ont montré une amélioration de l'humeur et de la fatigue après une supplémentation en fer, même si ces personnes ne répondaient pas aux critères de l'anémie ferriprive. Une étude a montré une amélioration chez la moitié des personnes dont le taux de ferritine était inférieur à 100 nanogrammes/millilitre, ce qui est supérieur au taux de 30 ng/ml souvent utilisé pour définir une carence en fer.»
L'évaluation du niveau de fer
Parce que les prestataires de soins primaires ignorent souvent ce lien, ils peuvent ne pas demander d'analyses des niveaux de fer à moins qu'une personne ne présente des symptômes d'anémie, ou un état de santé ou un traitement médical connu pour affecter les niveaux de fer de l'organisme, souligne la Dre Levin.
Les chercheuses suggèrent aux personnes souffrant de troubles mentaux de demander à leur médecin de leur prescrire une analyse de sang qui mesure leur taux de fer (test de ferritine).
Des personnes plus susceptibles d'avoir un faible taux de fer sont notamment les femmes enceintes, les jeunes enfants, les femmes ayant des saignements menstruels abondants, les donneurs de sang fréquents, les personnes atteintes de cancer, les personnes ayant subi des interventions chirurgicales gastro-intestinales ou souffrant de troubles digestifs et les personnes souffrant d'insuffisance cardiaque.
Il n'existe pas encore de consensus sur le niveau optimal à atteindre en modifiant l'alimentation et en prenant des compléments, ni sur la fréquence des tests à effectuer après avoir modifié l'alimentation. D'une manière générale, il est préférable de viser un taux de ferritine de 100 ng/ml et d'effectuer des tests toutes les 4 à 6 semaines, estiment les chercheuses.
Levin met en garde contre le risque d'un excès de fer. Il est donc important de lire l'étiquette du complément et de choisir une marque qui a été testée par un organisme indépendant, précise-t-elle.
Les aliments riches en fer
Des aliments riches en fer sont notamment les œufs (le jaune), la viande rouge, le foie, les abats, les poissons et fruits de mer, les légumineuses (pois chiches, lentilles, haricots…), les noix, les graines (citrouille, sésame…), les grains entiers (blé, avoine…) et les légumes vert foncé (épinards, asperges…). Certaines céréales à déjeuner sont enrichies en fer.
Le fer d’origine végétale est plus difficilement absorbé par l'organisme. (Végétaliens : 5 carences nutritionnelles à surveiller)
Le nouveau domaine de la psychiatrie nutritionnelle
« Les carences en nutriments peuvent avoir un impact considérable sur le bien-être
», souligne la Dre Levin. « Le rôle des nutriments dans la santé mentale vient compléter les connaissances croissantes sur l'importance du stress, des habitudes de sommeil et de l'activité physique.
» (Psychiatrie nutritionnelle : actualités)
Pour plus d'informations, voyez les liens plus bas.
Psychomédia avec sources : University of Michigan, Current Psychiatry.
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