Le manque de sommeil a des répercussions psychologiques considérables. Des études ont montré qu'il affecte le fonctionnement émotionnel et cognitif de diverses façons.
Il a notamment été montré qu'il augmente la tendance à l'anxiété, exacerbe la colère, diminue les émotions positives, diminue la capacité de contrôler les souvenirs désagréables indésirés, etc.
Des travaux, dont les résultats sont publiés en août 2022 dans la revue PLOS Biology, montrent une autre conséquence psychologique : le manque de sommeil rend les gens moins enclins à aider les autres et à être généreux.
Eti Ben Simon et Matthew Walker du département de psychologie de l'Université de Californie à Berkeley (États-Unis) ont, avec leurs collègues (1), mené trois études qui montrent respectivement qu'une nuit de privation de sommeil, les variations naturelles du sommeil et l'heure de sommeil perdue lors du changement d'heure affectent la générosité.
Première étude
Dans la première étude, menée avec 24 volontaires, la volonté d'aider les autres a été évaluée au moyen d'un questionnaire d'altruisme après une nuit de sommeil normal et après une nuit de privation de sommeil.
L'activité cérébrale des participants dans un réseau du cerveau impliqué dans l'empathie et les comportements prosociaux était évaluée au moyen de l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) pendant qu'ils se faisaient présenter des cartes décrivant des personnes sur lesquelles ils devaient porter un jugement social.
Après une nuit blanche, une moins grande activité était observée dans des zones du cerveau qui forment le réseau dit de la théorie de l'esprit. Ce réseau est activé lors de la prise en compte des états mentaux, des besoins et des perspectives des autres et lors du choix actif de les aider. (2)
Deuxième étude
Dans une deuxième étude, plus de 100 personnes ont rempli le questionnaire sur l'altruisme après avoir tenu, pendant trois ou quatre nuits, des journaux évaluant la qualité et la quantité de sommeil. Une diminution de la qualité du sommeil d'une nuit à l'autre prédisait une diminution du désir d'aider les autres d'un jour à l'autre.
Troisième étude
Dans une troisième étude, les chercheurs ont analysé une base de données de 3 millions de dons de charité aux États-Unis afin de comparer les nombres de dons dans la semaine précédant et celle suivant la perte d'une heure de sommeil due à l'heure d'été. Ils ont constaté une baisse de 10 % des dons dans la semaine suivant le changement d'heure. Cette baisse des dons n'était pas présente dans les régions du pays n'ayant pas changé d'heure.
Des conséquences sociétales
Ensemble, ces trois études suggèrent que les actes altruistes peuvent être entravés par des réductions même mineures du sommeil dans une société. « L'entraide est une caractéristique essentielle et fondamentale de l'humanité. Cette nouvelle étude démontre que le manque de sommeil dégrade le tissu même de la société humaine
», conclut Walker.
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Pour plus d'informations sur le sommeil, voyez les liens plus bas.
(1) Raphael Vallat et Aubrey Rossi.
(2) Des lésions dans des régions clés de ce réseau peuvent entraîner une « sociopathie acquise », associée à une perte d'empathie et d'aide compatissante.
Psychomédia avec sources : University of California - Berkeley, PLOS, PLOS Biology.
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