Selon l'idée culturellement dominante, le stress est mauvais. Ce qui mène à des objectifs de régulation visant à le réduire ou à l'éviter.
Dans la revue Emotion (fév. 2020), Alia J Crum, chercheure en psychologie à l'Université Standford, et ses collègues (1) font valoir que le stress peut être bon et proposent une démarche d'« optimisation du stress ».
Leur approche intègre différents courants de recherche : sur la théorie de l'état d'esprit (« mindset
») face au stress (croyance qu'il est bon ou mauvais), sur les interventions de réévaluation du stress (« stress reappraisal
») et sur le modèle de régulation des émotions de James Gross (psychologue à l'Université Standford).
Considérer le stress comme étant bon, plutôt que mauvais, expliquent-ils, modifie fondamentalement l'objectif global de la régulation du stress, qui devient l'optimisation des réactions afin d'atteindre des objectifs valorisés plutôt que de simplement viser à réduire ou éviter le stress.
Pour ce, les auteurs proposent une démarche consistant à utiliser avec flexibilité des stratégies de régulation spécifiques : la sélection de la situation, le contrôle de l'attention, le changement cognitif et la modulation de la réponse.
La sélection de la situation
Contrairement à la plupart des approches de réduction du stress, l'objectif d'optimisation peut, dans certains cas, amener les gens à rechercher des situations stressantes. Il s'agit de sélectionner des situations (indépendamment du stress qu'elles peuvent causer) qui créent des opportunités de croissance, d'apprentissage et de découverte. Par exemple, une personne peut chercher à résoudre un conflit interpersonnel plutôt que de l'éviter, s'astreindre à un entraînement difficile pour se préparer à une compétition ou rechercher des informations sur la santé pour faciliter la prévention ou le traitement.
L'objectif d'optimisation du stress peut également amener à se désengager de situations stressantes qui ne correspondent pas à des objectifs valorisés. Par exemple, dissoudre une relation qui n'est pas satisfaisante, ou refuser des opportunités afin de terminer des tâches inachevées malgré le fait que de dire « non » peut lui-même être stressant.
Le contrôle de l'attention
Une personne peut se centrer sur des opportunités positives associées au stress, plutôt que de ne voir que les aspects négatifs.
Par exemple, si elle doit passer un examen, plutôt que de se centrer sur les façons dont le stress est inconfortable, elle peut avoir à l'esprit qu'elle est stressée parce qu'il est important pour elle de bien réussir cet examen et décider de consacrer plus de ressources attentionnelles à la réalisation de cet objectif.
Elle peut aussi porter attention aux opportunités imprévues qui peuvent se présenter au milieu du stress (par exemple, un diagnostic de cancer pourrait être l'occasion de redéfinir ses valeurs et de vivre d'une manière plus significative).
Le changement cognitif
La réévaluation cognitive, qui fait partie des stratégies de régulation des émotions les plus étudiées, consiste à modifier les pensées pour tenter de réguler le stress.
Alors que ces stratégies sont traditionnellement étudiées pour la réduction du stress, elles sont ici utilisées pour l'optimisation. Une personne peut réévaluer la situation stressante (par ex. un volume élevé de travail qui est le signe que les affaires vont bien), sa capacité d'y faire face (par ex., « j'ai ce qu'il faut pour gérer ce diagnostic ») ou sa réponse au stress (par ex. l'anxiété et l'activation qui signifie « je suis excitée »).
La modulation de la réponse
La modulation de la réponse consiste à modifier les réponses comportementales, physiologiques et psychologiques au stress après que celui-ci ait été ressenti.
Plutôt que de viser à supprimer les réponses (par ex. en prenant des bêtabloquants ou de l'alcool) ou à supprimer les manifestations comportementales (par ex., rester stoïque), les stratégies d'optimisation visent à utiliser ou même à réguler le stress pour faciliter la réalisation des objectifs.
Par exemple, un étudiant stressé par un examen peut prendre une tasse de café pour l'aider à mieux se préparer. Avant une compétition, les athlètes utilisent couramment la musique, les discours d'encouragement et les échauffements pour améliorer leur activation. Bien entendu, les personnes trop fortement activées peuvent utiliser des techniques de respiration profonde ou d'autres techniques de relaxation afin de réguler leurs réponses physiologiques pour être dans un état plus optimal avant un match.
Les psychothérapies contextuelles
Les psychothérapies dites de la 3e vague cognitivo-comportementale ou contextuelles partagent cette approche d'acceptation du stress ou des émotions négatives plutôt que, comme les psychothérapies dites de la 2e vague, de viser leur modification.
Par exemple, la psychothérapie d'acceptation et d'engagement (ACT) vise à améliorer la flexibilité psychologique, c'est-à-dire la capacité à être en contact avec les émotions et les pensées du moment présent (pleine conscience), mais sans que celles-ci empêchent de poursuivre ses objectifs ou ses valeurs. (Voyez par exemple : La psychothérapie d'acceptation et d'engagement pour le traitement de l'anxiété.)
Pour plus d'informations, voyez les liens plus bas.
(1) Jeremy P Jamieson et Modupe Akinola.
Psychomédia avec source : Emotion.
Tous droits réservés