De Zazav
Quelques fois j'ai l'impression que personne ne comprend comment je me sens. Le plus dure après une agression sexuelle est de se sentir cru de la part des autres et le sentiment d'insécurité permanente qui nous suit partout. Quand c'est arrivée, j'étais démoli et j'étais comme dans le brouillard. J'ai été incapable de fonctionner pendant une bonne douzaine d'heures. Mon regard était vide, je ne ressentais plus rien et je ne parlais pas. Je ne comprenais pas qu'un "ami" d'enfance, si proche de ma famille puisse me faire cela. J'ai eu malgré tout le courage de parler mais j'ai vite compris que j'avais fait une erreur.
Pourquoi, parce que la majorité de mon entourage n'arrivait pas à croire qu'il avait pu faire ça. J'ai eu des examens à l'hôpital, une référence à une infirmière d'un CLSC (Québec, Canada) et j'ai parlé aux policiers. Mais j'ai dû me rendre à l'évidence, que le système judiciaire favorisait beaucoup plus l'homme (l'agresseur) que la victime... Si j'aurais continué j'aurais eu à témoigne r devant mon agresseur et toute la population de ma petite ville de 20 000 habitants car le procès ne serait pas à huit clos. Non, c'était trop pour moi... En plus du fait que le hasard le met souvent sur mon chemin. Et ça m'a donné des réactions de colère très fortes suivi d'une période de grande tristesse. J'avais aussi beaucoup de difficultés à dormir. Des problèmes physiques se sont ensuite ajoutés à ma détresse ... Comme par exemple des maux de jambes très douloureux qui m'empêchaient de marcher. Je devais supporter la douleur jour et nuit. J'ai pris de la médication pour la douleur mais je m'habituait vite au médicament et la douleur revenait. Il m'est arrivé aussi de faire une amydalite qui m'a laissé sans voix et a nécessité une hospitalisation de 4 jours avec de fortes poussées de fièvre. Après un an j'ai encore des flash-back de cet évènement et je vis un sentiment d'insécurité constant. Je n'arrive plus à me sentir bien chez-moi. J'ai juste envie de déménager loin de lui. J'ai souvent envie de par tir en voyage et de tout laisser derrière moi même mes enfants et pourtant ils représentent plus que tout pour moi. Je ne sais plus comment me défaire de cette insécurité. Ca m'empêche de fonctionner normalement et de vivre "librement"...
C'est dure de vivre ça toute seule car pour les autres je dois tourner la page, même si mon agresseur est le meilleur ami de mon frère... J'aime mon frère et ça me fait mal de voir qu'il le fréquente encore... En bref, je me suis fait avoir par un méchant bon manipulateur...C'est comme si je n'avais plus de passé car il faisait parti de mon passé depuis près de 20 ans... Je n'arriverai jamais à lui pardonner...
Merci de m'avoir permis de vous écrire mon témoignage...
Zazav du Québec
