Bonjour,
À 45 ans, j'ai subi une ablation de l'utérus. Des fibromes ayant grossi, le gynécologue m'avait convaincu de me faire opérer.
En préparation de l'intervention, j'ai rencontré une infirmière qui m'a remis des documents à lire. Un passage dans un dépliant a attiré mon attention. On mentionnait que lorsque le col de l'utérus cessait de sécréter à la ménopause, cela pouvait entraîner des douleurs lors des relations sexuelles,(picottements, démangeaisons, brûlures).
J'en ai discuté avec le médecin qui m'a expliqué que la lubrification du vagin était en fonction du désir et non pas de la glaire cervicale. Je n'étais pas tout à fait rassurée mais à 2 jours de la date fixée pour l'opération, je n'osais pas reculer. Les ententes étaient prises et mon congé avait été accordé par l'employeur. De plus, mon entourage m'encourageait à me faire opérer. Ce fut une erreur car ma décision n'était que rationnelle. Même si physiquement, j'ai bien récupéré, émotivement et psychologiquement, ce fut la descente aux enfers.
Après un bref séjour à l'hôpital, je suis rentrée à la maison pour entreprendre une convalescence de 2 mois. Je me doutais que j'allais m'ennuyer mais je n'avais aucune idée de ce que j'allais vivre. C'était la première fois que je me retrouvais seule à la maison. J'avais beaucoup de temps pour penser et plein d'émotions remontaient à la surface. Je me sentais vide et sans but dans la vie. J'étais à l'affût du moindre signe de mon corps.
Après une semaine, j'ai eu une infection urinaire. Mon médecin m'a prescrit des antibiotiques. Suite à la prise de ce médicament, j'avais l'impression de ressentir des brûlures à l'intérieur du vagin et je croyais faire une infection vaginale. Je suis retourné voir le médecin qui n'a rien vu d'anormal.
Mais les brûlures persistaient et j'étais persuadée que j'avais « quelque chose ». Le médecin m'avait dit de faire le ménage dans ma vie et de briser le cercle de la douleur avant qu'elle ne se cristalise. J'étais en colère et désespérée. J'étais persuadée que ma vie était finie.
Lorsque mon mari et moi, faisions l'amour,j'avais mal car la peur d'avoir mal empêchait la lubrification. Pire, à tout moment de la journée, j'avais des picottements, des sensations de brûlures et d'irritation, soit tout à fait les symptômes décrits dans le dépliant que j'avais lu.
Au bout de quelques semaines, j'étais en pleine dépression nerveuse et je voulais mourir. Les seuls moments où je ne n'avais pas mal, c'était lorsqu'un événement captivait suffisamment mon attention pour oublier ma douleur.
J'ai essayé toute sorte de traitements : crème, savon doux pour les sous-vêtements, acupuncture, etc. Au bout de quelque mois, j'était à plat et j'ai rencontré un médecin qui m'a prescrit des antidépresseurs. Il m'expliqua que mes douleurs étaient la manifestation physique d'un choc post-traumatique et il me suggéra fortement de rencontrer un psychologue. Ce que je fis. Même si j'étais réticente à prendre des antidépresseurs j'ai dû me rendre à l'évidence qu'ils me permettaient de fonctionner.
Tranquillement, les idées noires ont diminué pour faire place à la joie de vivre. En thérapie, j'ai appris à accueillir mes émotions et à les exprimer au lieu de les nier et de les refouler.
Ayant maintenant 53 ans, il m'arrive encore d'avoir des douleurs mais j'essaie de ne pas m'y arrêter même, si certains jours, lorsque je suis plus déprimée, c'est très difficile.
J'ai longtemps pensé que tout ce que j'ai vécu était une punition. En effet, il y a 10 ans, j'ai eu une attirance physique très forte pour un garçon qui me plaisait énormément. J'ai dû y renoncer mais j'ai vécu beaucoup de culpabilité à la suite de cette expérience.
Ça fait longtemps que je voulais écrire cette histoire mais jusqu'à ce jour, ça faisait trop mal.