Réponse à: RUMEUR (objet d'accusations non fondées)
Surnom: RUMEUR
Pays: Canada
Âge: 36
Sexe: masculin
Depuis un certain temps déjà, je suis victime d'une rumeur persistante, et totalement fausse. Cette rumeur concerne des actes criminels très graves qu'un grand nombre de personnes m'attribuent gratuitement, sans preuve. Ces ragôts sont nés dans mon milieu de travail. Ils se sont ensuite propagés dans ma famille. J'ai perdu plusieurs "amis". J'ai été harcelé au téléphone (la justice populaire semble peu encline de se soucier de ce qu'est une preuve). Et j'ai reçu des menaces à peine voilées directement de la part de certains collègues.
Au début, je croyais que cela était pour s'éteindre tout naturellement avec le temps. Je dois dire que le fait d'être ainsi accusé m'amusait parfois. On m'a conseillé de faire comme si rien n'était. Ce que généralement j'ai fait, non sans tenter toutefois de convaincre certains collègues et proches de la fausseté de ces ragôts.
Voilà, ça fait maintenant plus de deux ans et demi que je suis au pilori. Ça ne dérougit pas. Je suis de plus en plus isolé. Certains ajoutent des saletés à ma réputation. On me teste, m'ostracise. Et puisque cette foutue rumeur a quitté mon lieu de travail pour contaminer ma famille, on dirait que je n'ai plus d'issue.
Pour tout dire, on dirait que je suis en train de craquer. Pour de bon cette fois. Je n'ai plus tellement d'intérêt pour quoi que ce soit. Je remarque que ma consommation d'alcool a augmenté. Je dors beaucoup. On dirait que j'essaie de fuir ma condition qui ne cesse de se dégrader. Tantôt je rage, tantôt je pleure. Je ne sais plus où donner de la tête.
Parfois même, je l'avoue, il m'arrive de réfléchir à ce que pourrait être la meilleure façon d'en finir, sans trop de souffrance. Je me resaisis toujours, bien sûr. Mais lorsque je prends distance face à ces idées, je me dis que ça ne va vraiment plus.
C'est la première fois que je me retrouve en pareille situation. Après bientôt trois ans, tout cela est en train de miner mon existance. Certains d'entre vous ont-ils déjà vécu une expérience similaire? S'en sort-on vivant? Comment?
Bonjour Rumeur,
Vous faites curieusement l'objet d'un phénomène, connu en psychologie sociale, sous le nom de «bouc émissaire». C'est une manifestation réputée cruelle et intolérable et je considère que vous êtes solide car vous avez résisté plus de deux ans et demi. Bien sûr, vos forces sont limitées et votre organisme psychique finit par s'user à force d'être victime de ce bombardement de ragots.
On vous a conseillé de faire comme si de rien n'était. Et c'est ce que vous avez fait. Vous avez essayé de convaincre quelques collègues de la fausseté de ces rumeurs mais il semble que vous n'ayez pas été suffisamment convainquant. Cela ne fonctionne pas !
Il vous reste le plan B. Vous deviendrez plus convainquant avec des menaces de poursuites en diffamation; vous allèguerez des atteintes sérieuses à votre réputation et à votre santé.
La charte des droits et libertés de la personne contient des articles à ce sujet. Le code civil du Québec également. On ne rit plus !
Retenez les services d'un avocat qui enverra une lettre musclée à tous et chacun de vos collègues, lettre qui leur ordonnera de se taire dans l'immédiat et pour toujours au sujet des actes criminels qu'on vous attribue à tort, faute de quoi une plainte sera portée au tribunal compétent; vous serez alors en droit d'exiger une compensation financière en guise de réparation pour le tort subi. N'épargnez aucun « colporteur» car les autres se demanderont pour quelle bonne ou mauvaise raison celui-là en a été exempté.
Vous aurez besoin de quelques preuves : des collègues qui ont entendu ces propos sans vous en accuser, votre médecin, un certificat de police qui atteste un casier vierge.
Il va de soi que l'atmosphère au travail et dans votre famille sera « refroidie» pour un certain temps mais c'est à vous de voir si le jeu en vaut la chandelle.
Attention, Rumeur : ne faites rien qui pourrait donner raison à vos poursuivants. Si vous passez à l'acte (en finir sans trop de souffrances), imaginez ce qu'ils diront de vous après votre départ ? Vous ne voulez pas leur donner raison à titre posthume !
Dans ce cas-ci, il me semble que la meilleure défense est la contre-attaque ! Tout ceci n'est valable, bien entendu, que si vous avez la totale conviction d'être blanc comme neige.
Bonne chance Rumeur !
Georges-Henri Arenstein, Psychologue